* Bip ! Bip ! Bip ! *

Le premier coup qui ne se veut pas amical de la journée se présente. Eh bien oui ! Vous devez sûrement connaître cet affreux objet qui sonne, un bruit strident, il vous tire de votre sommeil, de votre si beau rêve, … ou pas !


Ouvrir les yeux est un véritable supplice. J’ai oublié de fermer les volets de la fenêtre la veille. Il faut dire que j’ai préféré passer une grande partie de la nuit à faire la fiesta avec les autres de la confrérie. Mon bras se fait lourd et trace un pénible chemin jusqu’à l’objet infernal, cherchant en vain cette saloperie de bouton pour le désactiver.

Une lutte, oui ! Et elle semble interminable, jusqu’à la rencontre du fameux bouton. Pourquoi tant de haine ? Il suffisait juste d’ouvrir un œil, tendre le bras et appuyer, mais à la place, j’ai tout foutu en l’air… Comme un peu prêt toute ma chambre. Un monstrueux bordel ! Autrefois, je n’étais pas comme ça, mais depuis ma dite ‘nouvelle vie’, j’en profite un maximum. Personne n’est là pour me dire : « Ne faîtes pas ci ! Ne touchez pas ça ! », et j’en suis pleinement satisfait.

Après plusieurs minutes de glandage en guise de gagne-temps pour flemmarder à volonté, je pris un élan hors du commun pour me redresser. Je n’ose pas ouvrir les yeux, rien que le fait d’apercevoir une once de lumière me fait froncer les sourcils. L’habitude vint rapidement. J’ouvris un œil et me lança dans la quête de me lever pour prendre une douche. Un pied au sol, puis deux, je retire le drap qui s’est forgé une place sur mes jambes pour me relever. Une fois sur un bon équilibre, je pris une grande bouffée d’air et prit un peu plus de mon temps pour m’étirer sur tout mon long et lâcher un bâillement des plus magnifiques. Je suis en retard, c’est sûr, mais peu importe ! La douche m’appelle et me tend les bras avec plaisir.

J’entreprends de prendre des vêtements propre à la va vite dans mon armoire et me fraie un chemin jusqu’à la salle de bain. A la limite de me déshabiller sur le chemin, j’accélère mes pas pour arriver plus rapidement dans ce lieu que je favorise. Sentir bon, eh bien oui ! Ça semble bête, mais c’est un essentiel de survie.
Dans la salle d’eau, je me dévêtis et m’introduis dans la cabine de douche pour commencer ma toilette intense. Savonné de gauche à droite et de haut en bas, il est temps de me rincer et de sortir. Séchage, habillage, coiffage, dégage ! Ok ! Je repris le chemin de ma chambre, fringues crades en main pour mieux les balancer sur mon lit.

Je pris mon sac à bandoulière, où à l’intérieur s’y trouve le nécessaire pour mes cours, ou presque et m’empresse de quitter à nouveau les quatre coins de cette pièce pour rejoindre l’extérieur.
Je me fraie un chemin, juste assez pour apercevoir l’horizon où l’épouvantable, l’horrible, l’affreux bâtiment de cours se montre merveilleusement, mais je ne prends pas réellement mon retard à cœur et c’est ainsi que je divague mon regard là où je peux pour finalement voir Ran qui traîne dans le coin. Comme un bon frangin, ou un bon pote, peu importe, je m’approche d’elle et arrivé à ses côtés, je l’attrape vivement et glisse mes mains dans ses chemins pour les ébouriffer et je sais à quel point, elle déteste ça.

- « Bonjour mon emmerdeuse ! T’es pas en cours ? Vilaine fille ! » M’exclamais-je.

Le soleil était déjà levé quand je me réveillai. Je le savais, car les rayons de l'astre du jour, filtrait à travers le volet entre ouvert. Je me retournai plusieurs fois dans mon lit avant de me décider à me lever. De toute façon je ne faisais jamais ou très rarement la grasse matinée. Je trouve que c'est une perte de temps et que j'ai d'autres choses à faire. Par contre, quand il y a cours, c'est autre chose. Ces jours-là je n'ai aucune envie de me lever. Mais, aujourd'hui je ne commence qu'à 10H30 et bien entendu hors de question que je traîne au lit. J'irais surement à la bibliothèque ... Je passais pas mal de mon temps libre là-bas. Il faut dire que j'aime énormément la lecture. Je m'étirai et allai ouvrir les volets. La cour était déjà bien animée, les élèves qui eux commençaient les cours normalement, se dépêchais pour rejoindre leurs salles de cours respectives. Je pris une douche vite fais et comme vêtement j'optai pour : un leggings noir, une jupe courte blanche, un tee-shirt de même couleur et un cache cœur noir. Je nouai mes cheveux en deux queues de cheval hautes. Avant de sortir, je rangeai un peu le bazar qui régnait dans ma chambre. Une fois que ce fut fait, j'enfilai des ballerines noires et blanches et sortis de la pièce. Mais, j'eus vite fais de faire demi-tours, quand je me rendis compte que j'avais oublié le livre, que j'étais censée rapporter à la bibliothèque. Ce livre relatait l'histoire de Jack L'éventreur ... Ça peut paraître un peu morbide mais, j'aime beaucoup cette histoire, bien qu'elle soit assez « Hard » c'est vrai. J'adore aussi, Londres à cette époque. Londres tout court d'ailleurs ... Ma ville natale, elle me manque énormément, plus particulièrement en ces temps-ci, j'y pense beaucoup ... Peut-être trop ... Je m'emparai du livre et partis.

Je traversai le bâtiment, essayant du mieux que je pouvais, de ne pas me faire écraser dans les couloirs bondés. Parfois, ça à des inconvénient d’être petite … Je poussai la grande porte de la bibliothèque, remis le livre à la bibliothécaire et entrepris d’en chercher un autre. En sillonnant les rayons, je pensais à mon « enfance », je sais je suis encore une enfant. Mais, je voulais parler d’avant. Avant la mort de Anna, avant que mes parents ne m’envoient ici, avant … Avant tout … J’optai finalement pour un roman policier. Puis je quittai la bibliothèque.

Désormais dans la cour, il n’y avait plus beaucoup de monde. Seulement les élèves qui commençaient plus tard et … Ceux qui étaient en retards. Je m’assis sur un banc et commençais ma lecture, enfin j’essayais de lire. Car, pour le moment tout ce qui occupait mon esprit c’était mon passé. Pourtant, d’habitude je n’étais du genre à me soucier du passé. Mais, parfois c’est plus fort que moi et je pleurs. Après tout je ne suis encore qu’une enfant … J’ai seulement 12 ans … Enfin pas tout à fait, j’en ai que 11 pour le moment. Je suis née en décembre. Je fermai mon livre et regardai le sol. De toute façon je n’arriverai pas à me concentrer. J’essuyai du revers de ma manche une larme et m’apprêtai à me lever quand, deux mains m’attrapèrent et m’ébouriffèrent les cheveux. Je sursautai avant de reconnaître Schrödinger.

« Bonjour mon emmerdeuse ! T’es pas en cours ? Vilaine fille ! »

Je n’avais aucune envie de rire mais, je n’avais non plus aucune envie de lui montrer que j’étais triste. Alors je me contentai de feindre un sourire et de rétorquer :

- Hey ! Arrête de me donner des surnoms, j’aime pas ça ! Et puis si je suis pas en cours c’est parce que je commence à 10H30 et toi t’es en retard je paris !

Dis-je en lui souriant malicieusement …

Je ne suis pas dupe ! Je l’ai bien remarqué que Ran a apporté son bras à son visage pour essuyer quelque chose qui venait de couler, ou pour se gratter. Seulement, je ne peux qu’opter pour la première solution. Pourquoi ? Eh bien, Ran a toujours tendance à se souvenir de sa vie passé. J’aimerai beaucoup la comprendre, seulement mon autre vie, j’ai préféré la délaisser, l’oublier pour mieux vivre à présent et puis, me torturer l’esprit n’est jamais de bon goût. Discrètement, j’avance mon visage auprès de celui de Ran pour mieux la regarder. Elle a les yeux rougit par les larmes, je confirme une fois de plus ma supposition, mais de la savoir malheureuse me fend le cœur. Ran, c’est comme ma sœur, je me sens impuissant lorsqu’elle est ainsi.

« Hey ! Arrête de me donner des surnoms, j’aime pas ça ! Et puis si je suis pas en cours c’est parce que je commence à 10h30 et toi t’es en retard je paris ! »

Je pus apercevoir un sourire s’esquisser sur ses lèvres. Je le sais au plus profond de moi que ce n’est qu’un ‘masque’ pour éviter de me montrer un peu plus son mal-être naissant ce matin-là. Je ne pus empêcher de soupirer longuement avant d’escalader le dossier du banc sur lequel elle est assise pour me retrouver à ses côtés.

- « Ne fais pas cette tête Ran, ça ne te vas pas ! Tu ferais mieux d’oublier même si ce n’est pas facile, tu n’avanceras jamais dans ta vie sinon. »

J’esquisse un sourire malicieux, voir même un peu exagéré, celui-ci se veut monter jusqu’aux oreilles. Au moins, avec cette tête d’abruti aliéné que j’aime tirer, elle ne peut que rire pour de bon. A présent, je m’intéresse à ce qu’elle a entre les mains. Je porte ma vue volontairement un peu plus basse en rajustant mes lunettes dans mes cheveux, les évitant qu’elles ne se faufilent le long de mon nez pour tomber. Un autre bouquin, décidément, elle ne s’arrête jamais de lire.

- « Qu’est-ce que c’est que ce truc là ? » Lui dis-je en lui piquant le livre des mains tout en feuilletant quelques pages rapidement.
- « T’es trop jeune pour lire ces trucs ! Après Jack L’Eventreur, tu te lances dans des poursuites morbides, beurk ! » Rappliquais-je, avant de lui redonner le livre qu’elle reprit sans broncher.

Je la sens fulminer de l’intérieur, presque en ayant la fumée qui sort des oreilles. Le fait de lui faire des reproches de ce genre l’agace au plus haut point, mais face à moi étrangement ou bizarrement, elle ne tente rien, ou alors, elle préfère râler deux minutes sans grande méchanceté.

Mais pour le moment, j’ai faim ! Une grosse faim ! J’ai complètement oublié de déjeuner ce matin et comme grande habitude, je vais manquer quelques heures de cours pour m’installer à une table sur une terrasse sirotant une boisson chaude, mais là, j’ai éperdument envie d’un croissant. Un croissant bien chaud… Sortant du four… Un régale ! J’en bave d’avance rien que d’imaginer cette nourriture m’attendant avec impatience pour que je la mange. D’un bon, je lève mes fesses du banc et entreprend d’attraper l’une des mains libres de Ran pour l’emmener avec moi.

- « Aller viens la Chieuse ! On va manger ! Des croissants, ça te vas ? Oh eh puis, de toute façon, tu n’as pas ton mot à dire ! » Lui dis-je en souriant.