▬ CHAPITRE I ; WERE ALL BEGAN C'était une belle soirée d'hiver. Les arbres dénudés de feuilles étaient recouverts d'une fine couche de givre qui donnait une part d'enchantement aux ruelles enneigées de la ville. Les pavés humides claquaient sous les talons des passants agités comme des gamins. Il était relativement tard, et Amanda profitait de sa pause pour fumer une cigarette à l'arrière du bâtiment. Le vent glacé s'engouffra sous ses longs cheveux bouclés et elle recracha la fumée nocive. Elle replia son bras gauche sur sa poitrine et frotta son bras droit énergiquement. La nuit était plutôt froide, et la jeune femme n'était que peu couverte. Un claquement de porte se fit entendre, et elle tourna la tête machinalement. Elle reconnut une démarche masculine qui ne lui était pas inconnue. La silhouette s'approchait, et lorsque son visage passa sous la lumière du lampadaire, Amanda en reconnut enfin les traits. Des cheveux bruns en bataille, un regard noir, une peau mate, et une carrure qui se devinait même a travers une veste de costume un peu moulante. Et ce sourire incroyablement sexy qu'elle connaissait si bien.
« Bonsoir Amanda. »
La jeune femme, toujours subjuguée par la beauté du si bel homme qui venait la voir ne prit pas même la peine de lui répondre. Voila bien des mois qu'ils se couraient après tous les deux.
« Tu viens voir le spectacle ? »« Non. Pas vraiment. Je viens pour te voir toi. »
Ses yeux noirs se plongèrent dans ceux de la jeune femme. Elle baissa les yeux, gênée, et se mordit la lèvre nerveusement. Il se rapprochait dangereusement, et elle ne savait pas combien de temps elle pouvait encore résister à lui sauter dessus. Mais la porte s'ouvrit de nouveau.
« Amanda ! J'avais dis cinq minutes, pas dix ! Dépêche toi, c'est à toi dans un quart d'heure ! »
La jeune femme jeta sa cigarette sur les pavés, et sourit légèrement.
« Je suis désolée, Drew, mais le travail m'appelle. »
« Je compte sur toi pour être la meilleure, dans ce cas. »
Drew glissa sa main au creux des reins d'Amanda, et l'embrassa tendrement. Un baiser qui fut court, mais qui en avait tant à dire. La jeune femme fixa les yeux du beau brun, avant de lui sourire a nouveau et de tourner les talons. Elle s'engouffra dans le bâtiment où une bouffée d'air réchauffa son visage crispé. Une dizaine de danseurs et danseurs classiques s'activaient sous les ordres du boss, et elle rejoint sa loge. Elle se maquilla rapidement, se coiffa, enfila son costume en mousseline et en plumes puis mis ses pointes blanches. Voila bien des années qu'elle faisait de la danse classique, et déjà deux ans qu'elle dansait pour le pavillon noir. Elle avait déjà ses petites habitudes et connaissait son travail, qu'elle adorait. Une technicienne vint la chercher, et elle monta sur scène, sur des airs de Tchaïkovski. Elle fit ce qu'elle avait toujours aimé faire. Danser, se laisser porter sur des enchainements qu'elle connaissait par cœur, aveuglée par les spots. Elle enchainait les fouettés à merveille, battant l'air d'une jambe mince et musclée. Elle dansait comme à son habitude, avec sensualité, grâce et splendeur. Mais son cœur était ailleurs. Elle se forçait à se souvenir de ce baiser sur ses lèvres tremblantes. Amanda salua le public sous un tonnerre d'applaudissements, puis quitta la scène en direction des coulisses. Elle se démaquilla au milieu de toutes les autres danseuses, rangea ses affaires dans son casier, enfila un slim noir, un pull gris, des bottines à talons et une grosse écharpe, mais refusa toute invitation à sortir ce soir, comme elle en avait l'habitude avec tous les artistes du pavillon. Ce soir, elle devait retrouver Drew. Après avoir retouché sa très légère touche de maquillage, elle observa son reflet dans la glace, poussa un soupir, pris son inspiration, et poussa la porte de derrière. Elle se retrouva dans une ruelle sombre et très peu romantique. Il était là, il l'attendait. Amanda croisa ses bras pour tenter en vain de se réchauffer, et Drew s'approcha d'elle en lui souriant. Il passa son bras autour des épaules de la jolie jeune femme.
« Viens. »
[...]
Les deux amants entrèrent brusquement dans l'appartement. Entre deux baisers pressés, Amanda jetta ses affaires par terre et ôta son écharpe ainsi que ses chaussures. Entrainant la jeune femme avec lui, Drew poussa la porte de la chambre. Il lui retira son t-shirt avant d'enlever le sien, et l'embrassa de nouveau. La danseuse se retrouva en sous-vêtements et emprisonna les hanches du beau brun de ses jambes. Il coinça Amanda contre le mur et continua de la déshabiller. Ses mains douces agrippèrent aux hanches d'Amanda. Peut-être qu'ils avaient enfin ce qu'ils voulaient depuis pas mal de temps. C'était une belle nuit, oui, une belle nuit d'hiver, vous avais-je dit.
▬ CHAPITRE II ; THE BEGGINING OF A DREAM Tout s'était passé si vite. Amanda s'en souvenait encore. Très clairement.
En Janvier. Un matin, prise de nausée, elle s'était rendue dans la salle de bains. De violentes contractions du ventre la forcèrent à se courber au dessus de la baignoire, le cœur au bord des lèvres. Mais très vite, elle fit le rapprochement entre ses nausées répétées et le grand retard qu'avaient pris ses règles. Sans hésiter, elle alla se procurer un test de grossesse. Et il s'avérait être positif. Je ne saurai vous dire combien de temps elle observa le petit " + " bleu qui s'était affiché sur la languette. Peut-être même qu'elle versa une larme. Ou deux. Elle se sentait si bien, et si mal. Cela ne faisait qu'un ou deux mois qu'elle vivait avec Drew. Elle l'aimait comme elle n'avait jamais aimé un homme, mais elle ne savait pas comment lui annoncer la nouvelle.
Et maintenant, la voila, dans une chambre d’hôpital, son tout petit couché contre sa poitrine, endormi et enroulé dans une couverture fine, et Drew endormi lui aussi, assis sur un fauteuil, tout près de son lit. Elle souhaitait immortaliser ces instants, où ils étaient tous les trois réunis. Ils s'aimaient. Elle posa sa tête si lourde sur son oreiller. Le père réveilla, en tandis qu'Amanda s'assoupissait, il caressa sa joue amoureusement, et pris son fils dans ses bras.
▬ CHAPITRE III ; NIGHTMARE C'était une belle journée de printemps. Les bourgeons s'ouvraient lentement, les oiseaux chantaient au balcon de l'appartement, le soleil daignait enfin se montrer après tant de jours gris et tristes. Andy avait grandi. Ce jour là, il avait décidé de jouer au chevalier. Il courait dans la maison, portant son armure en carton peinte, et sa magnifique épée en bois que lui avait offert son grand-père. Il s'amusait. Chassant l'immonde dragon (ou son chat) qui réquisitionnait le canapé, cavalant après sa mère qui riait aux éclats et se prêtait au jeu. Elle avait l'air heureuse, épanouie. Un mari qui l'aimait, qu'elle aimait, un fils parfait, un travail qui lui plaisait tout autant. Elle songeait même à réaliser son plus grand rêve : fonder une école de danse. Et cet après-midi là, quelqu'un frappa à la porte.
« Tiens, c'est étrange, on ne reçoit que très peu de visites... »
Amanda ouvrit la porte. Elle fixa l'un des agents de police, avant qu'il ne prenne la parole.
« Bonjour Mme Nicolson. Est-ce que nous pouvons entrer ? Nous avons à vous parler. »
La jeune femme acquiesça et s'écarta pour laisser entrer les deux agents. Ils entrent dans la cuisine, et refermèrent la porte derrière eux. Andy n'avait pas tout compris. Ils utilisaient des mots bien trop compliqués pour un enfant de cinq ans. Il s'était assis par terre, tout près de la porte. Il avait posé son épée par terre, entouré ses genoux repliée de ses bras, et attendait. Il entendait les deux agents parler tout doucement. Il entendait sa mère répondre à leurs questions. Puis il l'entendait pleurer, et poser à son tour des questions.
« ... pourquoi ? Non, c'est impossible...c'est impossible...IMPOSSIBLE ! »
Andy avait mal au cœur. Sa maman ne méritait pas de pleurer. Il l'aimait trop pour la laisser pleurer. Mais il ne comprenait pas tout. Il posa sa tête sur son genou, et attendit encore. Il eut l'impression d'attendre longtemps. Bien trop longtemps. Quand enfin, les policiers sortirent. Ils essayèrent de consoler Amanda, mais elle pleurait toujours. La jeune femme s'accroupit face à son fils, et le pris dans ses bras. Elle lui murmura que tout allait aller. Il prit le visage de sa mère entre ses deux petites mains, et plongea son regard clair dans le sien avant de dire, de sa petite voix :
« Je ne laisserai personne te faire du mal, maman ! »
Pour toute réponse, elle l'embrassa et pleura de plus belle. Tout s'était passé trop vite. Il était trop dur pour Andy de comprendre. Mais après de sinistres explications, le petit garçon a compris. Son père n'était plus là.
▬ CHAPITRE IV ; A BREATH FOR A LIFE Sa vie s'est écoulée très vite. Bien trop vite. La suite est très brouillée. Et il préfère la garder pour lui. Cela fait longtemps, trop longtemps que cette vie est terminée. Seuls les souvenirs les plus marquants demeurent. Cette vie est révolue. La mort l'a emportée, sous les traits d'un incendie criminel. Une nouvelle vie à commencé. Elle prend l'apparence d'un gigantesque oiseau de braises. Il s'en souvient encore, cette image trouble ses rêves et ses cauchemars. Il se souvient de la mort. De son visage noir. De ses gestes lents et ennuyeux. Il n'en a plus peur. C'était agréable. C'était noir. Il entendait des voix apaisantes. Réconfortantes. Il avait besoin de ces présences lointaines mais si proches de lui. Il avait besoin d'elles pour se convaincre que sa mère ne l'oublierait pas. Il était mort si jeune. Vingt et un an. Le vingt et un Juin. Le jour du solstice d'été. Deux mois avant son vingt deuxième anniversaire. Et il ne saurait dire combien de temps il a attendu que quelqu'un vienne le chercher, entre ces deux mondes. Combien de mois, combien d'années...il ne sait pas. Mais la Vie est revenue vers lui. La Mort à rebroussé chemin. Et une seconde chance lui était apparue, magnifique oiseau de braises, avalant le corps d'Andy. Il fait partie de lui. Il est lui, comme lui est Andy. Ils ne sont qu'une seule personne, dévorée par une créature Mythique et dangereuse, pyromane et violente. Plus aucun point d'attache, il peut vivre éternellement. Et vit sa vie au jour le jour.
Symbole d'immortalité et de résurrection, Andy se consume une ou deux fois par an afin de se régénérer, avant de renaître de ses cendres. Les phases de sa vie dont il ne veut pas se déroulent beaucoup plus vite qu'un humain. Il pourra lui arriver de s'absenter pendant une semaine ou deux, durant lesquelles il sera trop faible pour sortir (et il ne se ramènera sûrement pas en étant encore un gamin de dix ans x) ) La résurrection peut éventuellement changer ses caractères basiques tels que la couleur des yeux, des cheveux, ou de la peau.