Quelques jours à peine s'étaient écoulés depuis l'arrivée de Shinobu à la Shaded Academy. Et même si sa première impression avait été plutôt bonne, il ne savait pas encore s'il parviendrait un jour à s'y sentir à l'aise. Ce samedi-là, aux environs de seize heures, il s'était éclipsé de son dortoir pour vagabonder dans le bâtiment Distraught. Accompagné par son gros chat, Hikari. Celui-ci trottait autour de son maître, la mine curieuse et la démarche sauvage, comme aux aguets du moindre danger. Ses yeux verts, luisants, scrutaient les environs avec suspicion et ses oreilles se redressaient vivement au moindre bruit. Soupirant, Shinobu se pencha légèrement et lui caressa la tête du bout des doigts.

« Détends-toi, on est en sécurité ici. »

Murmura-t-il dans un sourire. Le félin sembla se détendre quelque peu, et tous les deux recommencèrent à errer dans les couloirs. Les jours précédents, le jeune homme avait visité l'établissement de fond en comble. Il s'était bien sûr perdu à plusieurs reprises, mais cela avait été bénéfique ; maintenant, il connaissait chaque recoin de la Shaded Academy. Traînant les pieds, il avançait un peu au hasard, sans but particulier, cherchant simplement le calme, souhaitant se dégourdir les jambes dans son nouveau foyer. Son nouveau foyer... Il avait encore du mal avec cette idée. Non pas qu'il regrettait l'époque où il vivait encore avec son père, mais dans cette immense école, il se sentait perdu. Et nostalgique, comme un enfant abandonné par ses parents. C'est ce qu'il était, après tout. Abandonné. Le regard mélancolique, Shinobu releva la manche de son pull et caressa doucement les cicatrices qui marquaient son bras. Ces cicatrices immuables, ineffaçables ; seuls vestiges de son père. Rabaissant sa manche, Shinobu ravala difficilement les larmes qui menaçaient de couler. Il se sentait si seul.

Comme si Hikari pouvait lire dans ses pensées, il vint se frotter à ses jambes en ronronnant. C'était sa façon à lui de dire : « Hey, tu n'est pas seul, je suis là. » Le garçon eut un faible sourire, se baissa et prit le félin dans ses bras. Il lui souffla un « Merci » à peine audible et recommença à marcher doucement, la tête baissée, le regard posé sur son chat qui continuait de ronronner. Au bout de quelques minutes, celui-ci se détacha subitement des bras de son maître, sauta sur le sol et scruta droit devant lui, l'air sauvage.

« Qu'est-ce qu'il y a, Hikari ? » Soupira Shinobu. Il releva la tête pour voir ce que son chat fixait si férocement et se rendit compte qu'une femme était là. Gêné, il détourna rapidement les yeux et se pencha vers son matou pour le calmer.

« Dé... Désolé... Il n'est pas très social... » Souffla-t-il à l'intention de l'inconnue, tout en caressant son chat pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas de danger.