Il pleuvait et avoir les bottes dans la boue ne lui rappelait que trop bien l’ancien temps. Le temps où il trainait son corps dans la fang et les cadavres. Le temps où la pluie n’était pas aussi claire mais teinté par le sang et l’air humide saturé par la poudre des armes.
Ses bottes ont toujours été pleines de boues… et son visage à toujours fixer le sol alors que le ciel est immensément grand.

Aujourd’hui tout lui rappelait l’ancien temps…Cette zone en ruine, cette pluie bruyante qui tombait en corde formant même un rideau blanc qui le trempait. Et toute cette…boue… Milian ne savait pas pourquoi il avait marché jusqu’ici. Il avait voulu marcher sans but jusqu’à « l’horizon » hors de l’établissement qu’il trouvait bien étouffant.
Alors c’était ça son « Horizon » ?
Un champ de ruines ? Alors c’était là qui le conduisait instinctivement ses pas ?...Dans la boue ? Quoi qu’il faisait il ne pouvait s’empêcher d’y penser il aimait tellement ça …OUI !!! Tout ce marron couleur merde l’écœurait ! Alors il voulait tout repeindre en rouge ! Pourquoi rouge ? C’était peut-être bien la seul couleur qu’il distinguait encore~
Ce monde avait trois couleurs :

Marron jaunâtre : La couleur de la crasse, de la boue, de la merde ! La couleur de la terre sur les visages fatigués et terrassés par les conflits incessants. La couleur des dents de ces flics des favelas gros comme des porcs qui fumaient beaucoup trop. La couleur du vomi de sa mère qui rentrait à moitié bourrer disant qu’il faudrait qu’elle pense à avorter…La couleur des mains de ce vieux trou duc’ qui l’a dépucelé. La couleur de l’odeur qu’a son enfance…

Rouge : La couleur qu’a sa colère, sa haine, sa joie, sa folie et le sang qu’il fait gicler lorsqu’il arracher avec ses dents ! La couleur qui effaça le marron, cette couleur chaude qui coula à flot ! Cette couleur qui recouvra ses mains et se refléta dans ses yeux. Tout ce rouge qui anima son corps l’emplissant d’une joie malsaine et meurtrière ! Cette couleur qui avait si bon gout …

Argent : Le plomb.

Il vivait, les aimait, les détestait mais devait les accepter…ces couleurs. A repenser au passé il ne sait combien de temps il resta là planté, totalement immobile sous la pluie.
Mais quelque chose approchait et ça ne lui échappa pas.

Crapahutant dans la gadoue, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez. Des cordes, une cascade d’eau me tombait dessus. Et le pire dans tout ça c’est que je ne sais même pas si je rentre dans la bonne direction. La pluie embrouillait totalement mon esprit de félin.

« -Je la retiens cette Tête d’Algues !! »

Je fulminais toute ma colère contre Delywel. Elle avait désiré me parler de quelque chose d’important. Limite de vie ou de mort. Mais j’aurais du me méfier quand elle m’avait donné rendez vous. Maintenant j’étais perdue, trempée jusqu’au os. Un véritable cauchemar.

« -Si je tombe malade, elle va entendre du pays ! »

Ne pouvant distinguer où je posais les pieds, je n’ai pu voir le dénivelé devant moi. Embarquée par mon élan, je relouais boulé jusqu’en bas. Ma tête me fessait mal, en mettant ma main sur mon front j’ai remarqué qu’un liquide chaud s’en échappait. En regardant ma main je vis avec horreur qu’une tâche plus foncé la recouvrait.

« -Il ne manquait plus que ça ! »

Appliquant ma main sur ma blessure, j’appuyais de toutes mes forces pour faire un effet de compresse. Je n’étais pas naïve, comme ça, impossible d’arrêter le saignement. Mais ça allait du moins l’atténuer un peu. Me relevant, je n’avais mal nul par ailleurs. Une chance de pouvoir me sortir de cette chute qu’avec quelques bleus et une blessure plus superficielle que vraiment dangereux. Il faut dire que durant mes 6 dernières années des coups, je m’en étais pris, des blessures souvent volontaires j’en ai eu. Et des pires que celle là.

Reprenant ma route au hasard, j’ai continué à marcher droit devant moi. Mon cœur s’était mis à battre plus vite quand au loin j’ai aperçu des formes familières se détacher de l’épais rideau de pluies. Des formes de maisons. Mais en m’approchant, surprise ! Ce n’était que des ruines… Mais j’avais lu que des ruines ne se trouvaient pas loin de l’Académie. Je n’étais pas totalement perdue ! Enfin pas encore totalement perdue.
J’ai plissé les yeux, me concentrant sur cette forme massive qui ne bougeait pas. Un homme…C’était la forme d’un homme. Reprenant courage, j’agitais mon bras et criais le plus fort possible pour qu’il m’entende.

« -Je me suis perdue !! J’suis une élève de la Shaded Académy, pouvez vous m’indiquer la route s’il vous plait ?! »

Je m’avançais toujours vers lui mais une étrange sensation naissait en moi. Mon instinct me soufflait, nan il me criait de fuir, de tourner les talons et de partir. Mais je n’ai jamais vraiment écouté mon instinct…

Lentement il tourna la tête. Lentement vers cette FUC**** voix qui gueulait en sa direction. Pitié mais qu’on l’abatte…

Il ne voulait pas être déranger, il repensait à sa pitoyable existence qui se prolongeait malgré lui et pour ainsi dire cela semblait continuer jusqu’à une date indéterminé…Il est comme un de ses vieux paquet de consommation sur lequel on aurait mis « éternité » …d’ailleurs c’était grand comment toute la vie~ enfin celle d’un démon comme on l’avait classé…

Il tourna la tête lentement vers la source de cette alarme qui semblait avoir besoin « d’aide »…de l’aide…DE L’AIDE ?! Demandez ça à Milian ?!

Vu comme ça mettre sa tête dans un piège à loups tout en s’injectant pas intraveineuse de l’arsenic tout en faisant une incantation Maya visant à appeler des golems pendant une éclipse au milieu d’un cimetière transylvanien paraissait moins risqué…

Milian devait…non était la dernière personne à voir et surtout dans cette état…Dans ce moment de flou ou son esprit ressassait ses 50ans de vie et où son corps était vierge de tous calmant ou quelconque autres drogues plus ou moins légales visant à le rendre plus docile.
Du coin de l’œil il la dévisagea. Ça empestait le chat mouillé jusqu’à 2km à la ronde et sa puait la panique…que ce chaton tente de courir entre les gouttes pour voir !
Le colombien allez l’ignorer quand brusquement son corps se mit à trembler. Tout son corps frémissait d’excitation. Ce parfum qui venait à ses narines avait éveillé en lui un grand intérêt envers l’alarme sur patte qui cherchait de l’aide.

Ce qui semblait être une femelle sentait le sang. Une odeur fraiche de sang obligea Milian à lui faire face ne formant qu’une ombre, assez inquiétante…
Il ne fallait qu’un battement de cil pour que Milian se retrouve tout près de la jeune fille dont il découvrait le physique, fort agréable.

Un sourire ornait son visage dégoulinant mais captivant. Milian avait un visage si féminin, les traits fins et les longs cheveux ondulés avec des grands cils et des lèvres tentantes.

-Tu t’es perdu ?

Sa voix n’engageait rien de bon, elle était loin d’être brutal ou agressive mais au contraire elle était joueuse et pleine d’intérêt. Ses yeux légèrement plissé comme pour mieux la sonder mais cet air mesquin, mutin et sadique collé dans son sourire tordue…il était probablement trop tard pour courir…

-Tu sens …le sang…mais la question est…est-il délicieux ?

La prenant de court L’ex-FARC l’agrippa à la gorge pour la renifler rapidement derrière l’oreille avant de lécher de sa langue impressionnant longue la blessure présente sur le front de la jeune fille…

Oui il était trop tard pour fuir… ils étaient à mi-mollet dans la boue...

Plus je me rapprochais de lui est plus mon cœur s’emballait. La pluie redoublait, de plus en plus forte, j’avais vraiment du mal à avancer. Mes habits me collaient à la peau, à chaque pas j’avais l’impression de perdre mes petites baskets.

« -Tu t’es perdu ? »

Ah entendre sa voix mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. Je connaissais se ton que trop bien. A la fois joyeux et gaie mais derrière ces sentiments se cachaient un vrais sadisme. Calme-toi, calme-toi. Essayant de respirer je pouvais maintenant distinguer un peu plus la personne devant moi. Au premier regard, vu sa stature c’était un homme mais cette personne avait les cheveux longs et le visage si… Féminin.

« -Tu sens… le sang… mais la question est…est il délicieux ? »

Sans comprendre vraiment ce qu’il venait de dire, et avec une rapidité fulgurante il se tenait tout près de moi. Trop près de moi… Voulant reculer, je n’ai même pas eu le temps d’essayer de retirer mon pieds de la gadoue que l’inconnue me saisi à la gorge. Etouffant un cri mon cœur avait un rythme bien trop rapide, il me fessait mal. Mes tympans me cognaient.

« -Lâche-moi espèce de brut !! »

Pour toute réponse, il avait avancé sa tête pour me renifler. Et finir avec un sourire mesquin à me lécher ma blessure. A ce contact mon corps s’était mis à trembler. Essayant de reprendre le pas sur la panique, j’étais retombée dans cette ironie noire qui me protégeait de la société.

« -J’espère que mon sang à un goût abjecte ! »

Je ne savais pas vraiment s’il fallait que mon sang soit bon ou non pour sauver ma peau.
On dit que dans les pires moments on se raccroche toujours à un détail insignifiant. Et bah la c’était à sa langue particulièrement grande qui m’avait fait penser à celle du chanteur de rock. Mais qui était-il ? Un élève de L’Académy ? Démon ou Vampire ? Oui l’hypothèse qu’il soit un ange ou un mythique était à abolir.

Mais je ne devais pas rester la sans rien faire dans les pattes de ce malade ! Surtout maintenant où enfin ma vie reprenait un sens. Je plantais mes ongles, malheureusement pas assez long, dans son bras. Me débâtant tant bien que mal, je donnais des coups de poings mais pas super efficace comme défense. Je m’épuisais plus qu’autre chose. J’aurais tellement voulut que la pleine lune apparaisse là et maintenant. Une petite transformation et hop ! Pour une fois ça tomberait bien. Si j’avais mes griffes à lui planter dans la chair. Mais malheureusement je ne savais pas me transformer sur commande. Si je mens sort je devrais pensée à demander quelques cours à Olive. Si je mens sort ? Mais bien sur que je vais m’en sortir !! Je ne peux pas mourir pas maintenant ! C’est quoi déjà la série que ma montrait mon amie… A oui Mentaliste ! Cet homme pouvait gérer et se sortir des pires brutes d’Amérique. Bon ok c’était une série mais qui ne tente rien n’à rien. Essayant de parler le plus clairement possible, j’inspirais profondément pour être sur de ne pas manquer d’air.

« -Ecoute si tu as un problème je veux bien en parler avec toi… Et… Essayais de trouver une solution…Mais… »

J’avais compris qu’il voulait que je me taise car il avait resserré sa main autour de mon cou. L’air était de plus en plus compliqué à reprendre et pour rien n’arranger ma blessure commençait vraiment à me faire mal au crâne. Et tout ceci n’était que le début. Son sourire sadique, ses yeux remplit de joie, il n’avait pas fini de me torturer. Et je pouvais hélas deviner sans trop de mal la suite des réjouissances. Un programme que je n’allais pas aimer contrairement à lui.

Brute ? Non Non il était bien au-delà…Milian était bien plus que cela. Cruel. Sanguinaire. Froid. Sauvage. Brutal oh oui qu’il était tout ça…

Le sang avait effectivement un gout qui le répugnait mais il avait connu pire…il avait connu meilleur … et pour le moment il était seul juge ! C’était lui qui décidait si c’était bon ou pas !...Lui qui décidait si il devait se montrer clément…ou pas …

Voir ce petit être si faible…si inférieur se débattre avait dans la bouche de Milian un arrière-goût nostalgique…Qu’il maudissait ses faiblesses mais oh grand dieu qu’il enviait quelque fois ces êtres qui n’avait pas vraiment de soucis à se faire …les faibles vivaient dans un petit monde isolé de naïveté bon dieu qu’il avait envie de tous les exterminer …

« -Ecoute si tu as un problème je veux bien en parler avec toi… Et… Essayais de trouver une solution…Mais… »

Une solution ? L’emprise que le colombien avait sur sa gorge se resserra et il grogna doucement dans une grimace.

-Peux-tu…changer mon passé ? Ma vie ? le cœur des gens ? la politique mon pays natal ? Les mentalités du peuple ? Le comportement des habitants de la favela où j’ai grandi ? Si oui…alors tu peux m’aider …

Son regard se faisait insistant et dur, il savait pertinemment que c’était impossible mais voir que la question stupide qu’avait poser cette petite idiote avait eu toute consolation une réponse irréalisable ne faisait que gonfler en lui la satisfaction de la voir se débattre encore…

Il voulait une cage qui le protège…qui l’enferme, qui retienne ses pulsions mais AAAh Dieu que c’était bon…le gout du sang et le bruit des cœur qui s’emballe à cause de la panique, de l’angoisse de la PEUR…

Milian la lâche la laissant tombe cul dans la boue les éclaboussant au passage… l’odeur de la boue couvrira celle du sang et c’était mieux… il fallait qu’il se calme sinon ça risquerai de déraper fortement…

Il leva le doigt et pointa dans une direction…

-L’école c’est pas là-bas…

Et tout en se mouvant il prit le chemin qu’il avait indiqué, trainant ses pas dans la grosse gadoue qui ressemblait au ciment dans le quelque on coule les corps de fusillés pour en faire les fondations de la ville principale…

Il voilà revoir le paysage de son pays…il voulait se blottir dans les bras d’une femme et dire « maman »… il voulait savoir si faire l’amour était toujours aussi répugnant …il voulait connaitre tant de chose ! il devait tant apprendre…il devait tant changer…

Son regard se faisait de plus en plus dur. Mais un autre sentiment s’installait dans ses yeux… Celui du reproche ! Et j’ai très vite compris la source de se sentiments.

"-Peux-tu…changer mon passé ? Ma vie ? le cœur des gens ? la politique mon pays natal ? Les mentalités du peuple ? Le comportement des habitants de la favela où j’ai grandi ? Si oui…alors tu peux m’aider …"

Il m’avait lancé ces mots avec une telle rancœur. Nan c’était même plus fort que cela, c’était de l’écœurement. Cette réponse était tout simplement l’explication de son état, bien sur cela n’excusait pas le fait qu’il avait ma vie au bout de sa main, mais cette confidence était… Un appel à l’aide… Enfin c’est ce que je ressens de cette situation. Je me trompe peut être totalement. Mais à quoi bon d’avoir réussi, ou non, à élucider cette réponse certes aussi « stupide » que ma question, il tenait toujours ma vie entre ces mains. Manipulant le rythme de ma respiration et par la même mes battements dans ma poitrine. Il devait jubiler de voir comment il me tient à sa merci. Est vraiment son passé qui le pousse à jouer avec la vie mais aussi la mort des gens ? Mais sa réaction m’avait surprise. Je sentis sa main se desserrer. Était-ce une feinte ? Une dernière once d’espoir avant le coup fatal. Je sentis mon corps glisser et tomber dans la boue. J’en avais jusqu’au sommet de la tête mais au moins l’odeur du sang était un peu camouflé. Sa folie furieuse semblait disparaitre. Il avait levé son bras et de son doigt me montre une direction.

"-L’école c’est pas là-bas…"

Et il a suivi la route qu’il me montrait. Je restais là, les fesses dans la boue, trempée jusques aux os, complètement dubitative. Je ne comprenais pas. Pourquoi agir comme ça pour finalement en arriver là ? Bien sur je ne vais pas me plaindre d’être vivante et d’avoir une chance de rentrer à l’Académy, de me persuader que ce moment n’était qu’un cauchemar et de vite oublier. Mais quoi ?! Il n’est pas le seul à avoir des problèmes ! Une folie sans non envahissait mon corps. Je me sentais brûler, exploser. Je n’eu pas beaucoup de mal à le rattraper, il n’avançait pas bien vite, trainant des pieds dans la boue. J’aurais du partir, courir, rentrer au chaud mais à la place, je l’ai attrapé par le bras. Je me foutais qu’il m’écoute ou non, je devais simplement vider mon sac ! J’étais redevenue celle d’avant, ce chat sauvage près à griffer tout le monde. Je lui crachais mes mots.

«-Tu pense que tu es le seul à avoir vécu des horreurs ! Moi-même pendant un temps, j’en voulais, j’haïssais le monde, cette société qui m’entourait. Maudissant ces abrutis qui c’étaient servis de moi comme si je n’étais qu’un joué, qu’une expérience, un simple cobaye de laboratoire ! Mais jamais je n’aurais été prête à tuer une autre personne. Je voulais partir pour me sauver de cet enfer et non sauver les autres de ce monde fade. Oui tu vas dire que ce n’est rien par rapport à ce que tu as pu voir mais chacun à son fardeau ! Et chacun doit apprendre à vivre avec et surpasser. Mais pour cela tu dois un peu t’ouvrir aux autres et arrêter de te prendre pour Dieux en jouant avec la vie des gens ! »

Des larmes de rages et de colères noyaient mes yeux. En quelques minutes cet homme avait réussit à faire renaître cette personne que j’avais réussi à enfermer grâce aux gens rencontrée à l’Académy. Et rien que pour cela je ne pouvais lui pardonner son comportement. Peut être un jour je pourrais refaire mon jugement à son égard mais ce n’était surement pas de si tôt. Je n’attendais pas sa réaction, le dépassant, je marchais rapidement. Il y avait une chance sur deux pour qu’il me rattrape et me face la peau mais cette fois si cela n’étais plus un problème car les nuages commençaient à se disperser laissant apercevoir la pleine lune. Tant qu’à faire j’aimerais rentrée sous forme humaine mais bon…