Quelle heure était-il à présent ? La jeune fille ne le savait pas, elle était de nouveau seule dans le petit coin naturel de l’académie. Elle s’y était de nouveau réfugiée après que la bibliothécaire eut fermé. Elle n’avait point eu le goût de rejoindre ses appartements et rompre les premiers brins lunaires après tant de jours de pluie. Les étoiles semblaient en parfaite harmonie avec cet astre si blanc, cela reposait totalement les esprits en peines, apaisant l’âme de ceux qui prenaient le temps de les observer, ne serait-ce qu’un tout petit instant. Le calme funeste de la nuit ne semblait pas effrayer la jeune demoiselle égarée, même si elle savait pertinemment qu’elle ne devait point rester seule, pendant ce moment de la journée où les vampires et autres démons la chercheraient … Mais la petite pouliche se sentait si bien assise dans l’herbe, la tête dans les étoiles, les cheveux éparpillés de partout. Depuis quand n’avait-elle pas repris sa forme animale ? Depuis son entrée, à peu près. Cela lui manquait, mais elle devait rester sur ses gardes, c’était ainsi et elle ne pouvait rien y faire. Elle finit par se relever et regagner sa chambre afin de reprendre une vie tranquille de parfaite étudiante, humaine comme dans le bon vieux temps.



Le lendemain matin, les paupières battantes, elle s’infiltra dans sa douche afin de mieux se réveiller. La nuit lui avait paru longue, bien longue vu qu’elle avait eu des difficultés à s’endormir. C’était peut-être la pleine lune qui l’avait travaillé. Cet astre avait beau être beau, lorsqu’il était plein, il en était tout autant effrayant. L’eau ruissela le long de son corps, collant ses cheveux à sa peau qu’elle rinça abondamment après les avoir frottés avec du shampoing à la fraise. Lorsqu’elle sortit, un petit vent frais s’engouffra dans la pièce, la faisant frissonner, elle s’emmitoufla dans la première serviette de bain qu’elle trouva avant de se dépêcher de s’habiller et de filer prendre son petit déjeuné.



Il allait bientôt être l’heure d’aller en cours, et Echo venait tout juste de terminer son repas matinal. Comme à son habitude, elle prenait le temps et n’était jamais pressée. Elle remercia discrètement le personnel avant de rejoindre ses camarades qui ne l’avaient pas attendu. Les cours furent longs, très longs. Elle était vraiment épuisée et avait du mal à garder ses paupières ouvertes. D’ailleurs, lorsqu’elle fut interrogée par le professeur de mathématiques, elle fit un bond de sa chaise et rabaissa aussitôt sa tête, lâchant un petit mot d’excuse avant de reprendre place à son petit bureau. Les cours furent tous pareils et les professeurs abandonnèrent peu à peu l’idée de l’interroger, une fois de plus. Elle était intelligente, mais ne participait jamais, voilà ce qu’on lui reprochait.



Lorsque la cloche sonna la dernière heure, la jeune fille s’étira et attrapa son sac pour se diriger vers le toit, à la recherche d’un lieu calme, avec aucune personne pour la déranger. Une fois qu’elle eut monté les marches quatre à quatre, elle s’installa sur le petit toit où se trouvait la porte, ainsi, personne ne risquait de la voir, passant alors inaperçu comme toujours. Le sommeil la gagna très vite, elle s’endormit donc la tête sur son sac …

Je suis sûr que si quelqu'un pourrait parcourir mes pensées à sa guise il se moquerait de moi jusqu'à ce que je me transforme en vodka. Je dis cela, car le rêve que je fais pour l'instant n'est pas des plus sérieux... ni même classe. C'est intriguant non, les songes d'un gentleman indien aveugle ? Je fais à peut-près les mêmes depuis l'âge de six ans donc ne vous attendez pas à un univers psychédélique qui vous donne mal à la tête. Non c'est plus du genre : nounours géant et gâteaux à la crème... Enfin voilà ce n'est pas la chose dont je suis le plus fier. Dire que je pourrais rêver de n'importe quoi d'autre à placer dans une conversation. Mon subconscient est ironique, j'aurais tout connu. J'étais donc serré contre le magicien étoile quand je fus réveillé une charmante princesse vivant dans mon château. Vous me suivez toujours ? Parce que je déconne là. En l'occurrence mon palace fait 12 m² et la dite princesse est mon colocataire de dix-huit ans sans doute avec une barbe d'une semaine ou deux en tant que chômeur digne de ce nom. De plus, la notion de délicatesse étant étranger de son vocabulaire, ce ne fus pas avec douceur que je viens de me réveiller.

Aller savoir pourquoi, quand vous avez la carrure d'un joueur de football américain, un réveil qui sonne est beaucoup plus ennuyeux qu'un bon placage matinal. C'est donc après avoir été à moitié écrasé que je sortis du lit pour me préparer. Et comme je suis un putain d'optimiste j'y vois bien sûr le côté positif, avec Jake je me lève toujours à l'heure. Je ne sais pas vraiment pourquoi il le fait à cette heure étant donné que sa journée à lui n'est pas très mouvementée mais bon, c'est son problème. Tout en me préparant je songeais à ma journée. J'y allais plutôt à reculons ce jour-ci. Aucune heure de permanence sur mon emploi du temps, français avec la prof qui se versait plusieurs flacons de parfum et pour finir aucune petite amie du moment. Ma situation transpirait l'ennui. C'est peut-être pour cela que je passai une bonne demi-heure dans la douche. Oh et puis tant pis si j'étais en retard. Ce n'était pas la fin du monde. Après m'être habillé avec les vêtements les moins ringards que j'avais -selon les dire de Jake- je fis un tour sur quelques forums. Grace à une fonction les messages étaient énoncés à haute voix.

Une charmante demoiselle pré enregistrée rythmé mes heures de geek. D'ailleurs j'avais nommé mon portable Sway. Oui je sais c'est stupide... Enfin, vue le nombre d'heure que je passais dessus... « VOUS AVEZ UN NOUVEAU MESSAGE. » Je tape entrée. ALEX-ROXOR dit : "T'es marrent avec tes vidéos indienne, mais je comprends pas tout. La démo de Diablo III c'est cool, mais même en anglais, j'pige rien avec leurs accents." Je soupire, ne sachant quoi répondre. Je m'en occuperais plus tard. Les petits qui passent leur temps libre devant leur ordi m'exaspère... A moins que ce soit de l'envie. Toujours est-il qu'il faut que je m'intéresse un minimum à mes études pour ne pas me mettre mes parents totalement à dos. J'attrape mon sac entreposé au même endroit que la veille et attrape ma cane. L'éternel bruit du centre-ville emplit mes oreilles. Le trajet fut assez rapide puisque j'avais pris le bus. Le chemin pour me rendre à l'école était plus instinctif qu'autre chose, mais vue le monde qui circulait partout autour de moi je ne pouvais pas me perdre.

Un autre garçon de Guilty dont je me rappelé la voix rentra avec moi. Je grinçai les dents quand la sonnerie retentit, j'arrivais pile à l'heure, quel poisse. Et comme je le pressentais toute la journée fus d'un ennui mortel. La plupart des professeurs aimaient bien m'interroger pour "m'aider" ce qui se traduisait par : vérifier si je ne dormais pas. Leur acharnement me faisait envie de leur donner raison. Fonction à deux inconnus, verbes irréguliers, atomes... Pouha si seulement ils parlaient de wow ou de fête organisée par l'école ça rendrait les choses plus sympathiques. Puis cette monotonie qui semblait être sans fin s'acheva. J'avais l'intuition qu'il pleuvait, l'air était moite. En sortant de cours je passai ce qui semblait être une porte vitré. Le vent sur mon visage confirma cette pensée. Nom d'un chocobo, que ça fait du bien.

J'avançais à mi- pas avec ma cane, me demandant si le plus dangereux obstacle était le vide. Un aveugle sur un toit. Haha. Je suis fou ♪ Mais bon, tant que vous ne me verrez pas en fauteuil roulant je tenterais ce genre d'expérience. Puis en marchant un peu ma cane buta sur quelque chose. Un mur ? Vue la hauteur plutôt un muret. Je me baissai sans me presser histoire de sculpté les formes irrégulières de cet objet. Curieux. On dirait... une personne. Que faisait-elle la sans bruit ? J'étais arrivé au mauvais moment peut-être. Tout en me demandant pourquoi l'élève ou l'adulte ne s'était pas manifesté je reculai prudemment, toujours accroupie. Je ne souhaitais pas partir comme un voleur, surtout si la personne avait un problème. « Je suis désolé je ne pensais pas trouver quelqu'un ici... Un souci ? »

L’ambiance était plutôt douce, l’air frais frappait le doux visage de la jeune endormit, telle la belle aux bois dormants, mais elle, elle n’attendait très certainement pas que son beau prince débarque et vienne la réveiller d’un doux baiser, car pour l’instant, elle se sentait juste fatiguée. Elle préférait se plonger dans le monde des rêves que se plonger dans un bon livre à l’eau de rose. Être dans bras de Morphée était bien plus rassurant à son goût. Elle se retourna et se mit sur le ventre, les bras encadrant sa tête, ses cheveux s’envolant tranquillement au rythme du vent. Elle se sentait très bien, dans une sorte de béatitude, ou du moins, quasiment car là où elle dormait le mieux, c’était bien dans la forêt, entourait par la végétation qui vient lui caresser doucement ses petits orteils déchaussés du barrage de cuire. Elle devait faire avec ce qu’elle avait, c’était tout. Elle était ici pour avoir des cours comme tout le monde est être un peu plus à l’abri des personnes désirant son sang de licorne. Mais était-elle réellement en bonne position de sécurité, là, endormie dans un espace restreint, coupé de toute civilisation ? Il suffisait que quelqu’un rentre, scellant la seule issue possible, et qu’il lui saute dessus. Dans son monde, il lui était impossible de réagir au quart du tout puisqu’elle semblait complètement déconnectée du monde réel.



En effet, une personne s’avança vers elle, la tâtant. Elle battit des paupières, attendant que les images se remettent en place avant d’avoir un brusque sursaut de surprise face à la vue d’un jeune garçon. Elle se recula un peu, atteignant le mur le plus proche, se collant à celui-ci le plus possible. Ses yeux recherchaient une voix d’échappatoire, mais elle ne trouva rien. Dans le plus lourd des silences, retenant légèrement sa respiration, elle regarda l’adolescent de plus près, remarquant un petit détail qui la chiffonna : une canne ? Elle n’osa pas s’aventurer dans ses yeux, car les siens restaient rivés simplement sur ce qu’il portait. Le rouge lui monta aux joues, elle ne savait pas que dire ou quoi penser. Elle ne voulait pas s’aventurer dans des terres inconnues, elle ne voulait pas être gênante, elle ne voulait tout simplement par être un fardeau et lui poser des questions totalement indiscrètes sur lui alors qu’elle ne le connaissait pas. Même si cela lui paressait plutôt tentant, malgré sa grande timidité, la curiosité de son enfance refaisait parfois surface. Elle se contenta simplement de s’asseoir sur ses genoux, comme elle avait si bien l’habitude depuis toute petite. Elle ne pouvait pas expliquer ce qu’elle ressentait, mais ce jeune homme attisait sa curiosité, il lui semblait gentil et inoffensif. Avait-elle raison, ou non ? Il fallait se jeter dans le vide pour le découvrir …



- …No-non … Je … je dormais juste … Je m’appelle …. Ec….Ech-o … Et-et toi ? …



Sa voix était plutôt tremblotante, après tout, cela faisait fort longtemps qu’elle n’avait pas eu de conversation avec quelqu’un et encore moins avec un garçon, une personne du sexe opposé … Plus sa voix jaillissait de sa bouche, plus elle avait envie de disparaître, comme au départ … Elle se mordit la langue pendant qu’une de ses larmes perla le long de sa joue avant de mourir au coin de ses lèvres : elle devait tenir le choc, et au premier geste suspect, déguerpir le plus loin possible …