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Glamorous Indie Rock and Roll

« Et on se demande encore à quoi je sers »

« Oui. Très bien, j’arrive tout de suite Mr Petters. Je vous prie de bien vouloir excuser mon retard. Ca ne se reproduira plus. »

Les bruits de mes talons résonnaient à intervalle régulier sur le trottoir. Ce n’était plus un secret pour personne autour de moi : j’étais en retard ; très en retard même. Le souffle court, presque coupé, j’avançais du plus vite que je pouvais à travers la foule de passant du centre commerciale. Aurais-je émis un détail ? Oui, effectivement. J’étais chargée d’une multitude de sac qui, rien que par ce que pouvait porter ma main droite recouvraient déjà les ¾ des marques présentes dans cette galerie. Très utiles pour donner des coups aux clients peu coopérant de ma miséreuse organisation, ces derniers se révélaient néanmoins être plus un obstacle à mon avancée qu’autre chose. J’hésitais à délester le superflue en le lâchant certains de mes achats. Proposition très vite évincée par ce qu’il me restait d’esprit à ce moment là : Soyons clair, je n’étais pas dans une montgolfière et sacrifier les adorables vêtements que je venais d’acquérir m’aurait brisé le cœur de façon irrémédiable. Atteignant l’escalator qui emmenait tout un petit monde sur le parking, je repris une allure que l’on pourrait considérer de normale et me plaçait sagement sur la machine. Il me restait quoi ? 20 minutes à tout casser pour traverser la moitié de la ville, me changer et préparer un air professionnel à afficher sur ma tête lorsque je croiserais le directeur.

Par miracle ma voiture n’avait pas bougée d’un pouce (brave bête). Enfournant négligemment tout les sacs du côté du siège passager de la jolie décapotable rouge, je m’asseyais sur le cuir blanc et actionnait le contact. Les pneus crissèrent sous l’effet de l’accélération trop rapide et le moteur hurla sous le démarrage à froid. Rejoignant rapidement (trop peu être) la route principale qui conduisait au centre ville, j’appréhendais ce rendez-vous. Déjà, je voyais mal ce que j’allais bien pouvoir y faire. N’étais-je pas censée être simplement la Secrétaire de Mr Petters ? En quoi un dîner avec le directeur de l’académie et les représentant des parents d'élèves allait m’être profitable (ou dans une moindre mesure, en quoi ma présence allait leur être profitable) ? De toute façon, j’allais bientôt pouvoir m’en rendre compte puisque j’étais arrivée. Me battant coûte que coûte avec le garçon qui voulait garer ma voiture afin de pouvoir le faire moi-même, je me lassais rapidement de devoir mentir à un interlocuteur aussi borné que lui. Un sourire mauvais se dessina sur mes lèvres lorsque j’aperçue la carte du restaurant affichée quelques mètres plus loin. Il y avait probablement déjà un point positif à ce rendez vous : J’allais manger gratuitement dans un des restaurant les plus chics et les plus bon de la ville. Appuyant sur l’accélérateur en coupant la parole du jeune homme, je trouvais une place un peu isolée et me retournais vers la pile de sac placée sur ma droite. Hum, lequel prendre ? Le tailleur ou la robe ? La robe me semblait plus appropriée pour une soirée. Et vous savez quoi ? Enfiler une robe dans une décapotable minuscule, c’est dur. Et pourtant j’étais plutôt fière du résultat. Étant allée chez le coiffeur ce matin, ma coupe était impeccable. Mon maquillage venait d’être retouché et ma robe était simplement sublime. Pfiou. On y est presque.

D’un pas pressé je retournais voir mon ami le voiturier et lui demandait le plus naturellement au monde s’il pouvait bien avoir l’amabilité de refermer la robe de satin que je vennais à peine d’enfiler. Acquissent poliment, complètement déboussolé, il s’exécuta.

Voilà, j’étais prête et j’avais –seulement- 15 minutes de retard. Reste calme, entre dans la salle et fait comme ci de rien était.

-Bonjour madame, nous pouvons vous aidez ?

-Mme Blacklown. Je dispose d’une réservation professionnelle avec Mr Petters et d’autre collaborateur.

-Ils sont déjà présents madame. Je vous conduit à la table.

[…]

-Si vous voulez bien me suivre…

Aujourd'hui était une journée plutôt importante, Raven avait rendez-vous avec les représentants des parents d'élèves. Bon ... Etant donné qu'ils se voient assez régulièrement, il ne pouvait pas dire que la journée était si importante que ça quand même. Il tenait juste à garder un bon relationnel avec eux et après leurs petits rendez-vous sur les cas importants à traiter c'est tout naturellement que Raven les avaient par la suite donnée rendez-vous dans un restaurant chic. Bien que cette initiative soit normalement faite avec les collègues de travail, Raven se disait qu'une soirée restaurant ne pouvait qu'aider à la bonne entente de l'ensemble des personnes ici présentes. Se rencontrer hors du contexte du travail pouvait aider par la suite à être un peu moins tendu lors des réunions et c'est de manière tout naturel qu'il en avait profité pour inviter sa secrétaire à venir. Ce n'était plus une réunion importante et il est vrai qu'à part pour le travail il n'avait pas énormément adressé la parole à Sophie. Il pensait donc en profiter pour passer une soirée agréable avec la demoiselle et ainsi pouvoir parler de la pluie et du beau temps.

Il était alors 19 h 30, heures à laquelle tous devaient se réunir dans le restaurant chic. Pour l'occasion bien sûr Raven avait mis un costard aux couleurs classiques et en faisant même l'effort d'attacher complètement sa chemise et d'y mettre un noeud papillon. Heureusement qu'il existait des noeuds papillon déjà tout fait, car il n'a jamais appris à en faire. Les représentants des parents d'élèves se trouvaient déjà sur place, attendant dehors que le directeur arrive avant d'entrer dans le restaurant. Cependant, l'ange trouva étrange que la secrétaire ne soit pas présente, ce n'est pas son genre d'être en retard. Tout en bavardant avec les personnes qui l'accompagnaient, il décida d'attendre un petit peu à l'extérieur avant de proposer d'entrée. En effet, la demoiselle commençait à avoir froid et Raven ne souhaitait être un mauvais invité.

"Bonsoir, j'ai fait une réservation au nom de Mr Petters."

« En effet Mr, suivait moi je vais vous conduire à votre table. »

Suivant docilement l'employer, le directeur se montra sous un jour un peu strict avec les parents d'élèves. Bien que lors des réunions ont voyaient souvent que son humour ressortait un peu, là il surveillait un peu moins ses manières de directeur. Il commença alors à passer commande, proposant dans un premier de prendre un apéritif afin de pouvoir attendre un peu plus la retardataire. Par chance c'est au bout d'une quinzaine de minute plus tard que son regard croisa la silhouette de Sophie, la demoiselle semblant très en beauté ce soir. Souriant alors, Raven se leva afin d'aller à la rencontre de Sophie, lui faisant galamment un baise main.

"Les belles dames ont toujours le chic d'arriver en retard pour mieux se faire désirer."

Compliment plutôt mal caché afin de complimenté la demoiselle, étant donné que c'était une soirée non officielle et plus décontracté, Raven se permettait des écarts qu'il ne ferait pas en temps normal.

"Permettait que je vous aide à vous asseoir."

De ce fait il proposait la chaise livre à Sophie, par la suite il demanda également à ce qu'on lui sert également quelque chose pour l'apéritif.

"Messieurs dames, je vous présente Sophie Blacklown, ma secrétaire."

Encore toute chamboulée par ce rythme des plus soutenu, c’est un peu dans les vapes que je suivais docilement mon patron, écoutant seulement d’une oreille les paroles qu’il formulait à mon égard. Quelques personnes, attablées, se retournaient sur notre passage. Je ne saurais dire si c’était à cause du vacarme et de l’animation ponctuelle que nous avions engendré ou tout simplement à cause de notre allure générale. Parce que oui, j’étais grande (et même très grande avec ces talons). Parce que oui, j’étais belle et parce que oui, à côté de l’ange en costard, j’avais la classe.

-Merci, monsieur.

Je restais polie, simple et efficace. De toute manière je n’avais pas saisi le sens de ses paroles. Je le voyais tendre la chaise qui m’était destiné, je posais doucement tout mon corps sur celle-ci, me mouvant finement en accompagnant mes paroles.

Sans me laisser le temps de quoi que ce soit, un serveur se précipita à mes côtés et m’offrit un apéritif équivalent à celui des autres personnes que Mr Petters avait invité. Esquissant un sourire un peu gênée et nerveux, je pris la parole en essayant de bien articuler chacun des mots afin d’éviter de passer encore plus pour une idiote que ce que je ne devais déjà avoir l’air.
-Je… Vous prie de bien avoir l’amabilité d’excuser mon retard. Les routes étaient quelques peu encombrées.

Mensonge ? Ouais, pour ainsi dire. Si j’avais en effet croisé quelques véhicules sur ma route, leur quantité n’avait été gênante que si j’avais voulu dépasser de 80km/h la limitation de vitesse ; Hors, étant donné que je ne m’étais contenté que de quelques petits 35km/h, on ne peut pas vraiment rejeter la faute sur ces automobilistes malheureux qui ont eu le privilège de me précéder sur la départementale.

Mon regard bleu se posa successivement sur nos invités. Une jeune femme, la quarantaine (oui, pour moi, c’est jeune), probablement mère d’un élève de lycée. Elle me souriait, vraisemblablement compatissante d’une situation qui aurait pu lui arriver. J’entrouvrais les lèvres, m’efforçant de rendre cette amabilité en souriant, dans un élan de politesse.

Seconde personne : Un homme, la trentaine, plutôt mignon. A priori, je l’aurais bien situé dans le genre « ancien élève ». Il était élégant dans d’une sobriété déconcertante. Vêtu d’une simple chemise et d’un jeans, il se fondait sans problème aux autres hommes qui quant à eux, se voyait habillé d’un ensemble complet de vêtements chics.

Je sortais un bloc note après avoir siroté quelques gorgées de mon apéritif. Attrapant par la même occasion un crayon et mes lunettes, je pris un air sérieuse et m’adressait le plus aimablement possible aux deux personnes qui me faisait face :

-Ne vous souciez pas de ce que je pourrais bien écrire, je prends juste des notes à propos de quelconques suggestions que vous pourriez formuler ce soir.

Je me retournais vers Mr Petters, essayant de paraître le plus naturelle possible tout en m’assurant de ne pas avoir fait de faux pas.