Kazuo venait d’arriver à Shaded Academy il y a un petit bout de temps déjà. En taxi. Pas un mot, pas un sourire chaleureux au chauffeur, même en remerciement, lorsque celui-ci avait demandé la taxe que Kazuo avait bien sûr payée et lui avait amicalement serré la main. Seulement un regard. Impassible, sombre et impénétrable. Un de ces regards qui donne l’impression de passer aux rayons X. Le chauffeur de taxi avait retiré sa main et son sourire amical s’était estompé. C’était avec un soupir méprisant qu’il avait fait rouler sa voiture jusqu’à disparaître du champ de vision de Kazuo au bout de la rue à la recherche d’autres clients.

Le jeune homme s’était donc dirigé vers ce fameux établissement qu’il avait si longtemps convoité depuis qu’il vivait à côtés. Il espérait juste croiser d’autres gens comme lui pour éviter de se croire seul au monde et mal dans sa peau. Pendant son ‘’auto-visite guidée’’, il avait croisé une poignée de badauds qui l’avaient salué sans retour. Kazuo était comme ça avec tout le monde : sombre, silencieux et discret. Un asocial, voilà ce qu’il était.

C’est alors qu’il finit par s’asseoir quelque part, là où il était sûr que personne ne pourrait le trouver ici, là où il pensait pouvoir ressasser tranquillement sa vie à son ancien institut. Ayant quitté Tôkyô dès l’âge de 3 ans, il n’avait aucun souvenir de sa vie là-bas. Toute sa vie reposait ici, en Amérique, et sans doute dans les jours à venir, dans cet établissement que ces occupants appelaient ‘’Shaded Academy’’.

Pourquoi avait-il fallu que ses parents l’emmènent avec lui jusqu’ici, aux Etats-Unis ? Ils étaient d’origine japonaise, alors même si les USA étaient l’un des pays les plus puissant et les plus développés du monde, ce n’était pas cette vie qu’aurait souhaité Kazuo. Sa seule consolation avait été ce pensionnat. Oui, un pensionnat, avec permission de rester y dormir tout le temps à part, peut-être, pendant les vacances… Même s’il savait qu’il ne serait pas aussi seul qu’à son ancien établissement scolaire, il regrettait le Japon dont il n’avait aucun souvenir.

Il resta là à remuer ses pensées et ressasser ses souvenirs des dernières années, finissant par ne plus s’occuper de ce qu’il se tramait autour de lui, ne se souciant plus de se qui se déroulait dans le monde extérieur. Il se perdit alors dans ses pensées pendant un certain temps…

Depuis son départ de l'aéroport, Hana avait avait les yeux rivés sur la fenêtre du taxi. C'était la première fois qu'elle venait aux États-Unis. En fait, c'était la première fois qu'elle quittait le Japon. Songer qu'elle quittait son pays natal définitivement l'attristait, mais elle savait que s'était pour le mieux. La fatigue se faisait de plus en plus sentir, mais sa curiosité était plus forte. Elle ne voulait manquer aucun bâtiment, aucune maison, aucun arbre.

Ce jour là, la jeune fille avait décider de porter sa robe turquoise. En voyant le soleil se coucher, elle se dit qu'elle avait sortit sa jolie robe inutilement.

Le taxi s'arrêta devant un énorme établissement. Hana était ébahit face à la grandeur de celui-ci. Le chauffeur lui indiqua le montant, puis elle paya. Elle attendit. Normalement, son chauffeur venait lui ouvrir la porte.

Vous ne venez pas m'ouvrir la porte? demanda Hana au chauffeur.

Le chauffeur, un peu insulté, se leva et ouvrit la porte d'Hana. Lorsqu'elle fut sortit du taxi, il sortir sa valise et son étui à guitare. Elle remercia le chauffeur qui grogna. Cette réaction surpris Hana, mais elle ne s'y attarda pas.

Voilà, il était temps pour elle de s'aventurer. Son coeur battait rapidement. La peur l'envahissait un peu plus à chacun de ses pas. À quoi ressemblaient ces autres races? Les autres anges? Serait-elle capable de se faire des amis? Les amis, c'était sa plus grande peur. Après tant d'années à être seule, elle voyait en cette académie une chance de recommencer à zéro.
Elle entra dans l'académie. La pièce était silencieuse et sombre. Hana regarda sa montre; il était 19h00.

À ce moment, elle se sentit vraiment seule. Quelques élèves se prommenaient encore, mais Hana ne voulait pas leurs parler. Elle voulait trouver son chemin sans aide. Elle se dirigea finalement vers une carte de l'établissement. Elle repera le X rouge, puis son réfectoire. Elle se fit un itinéraire et partit vers son réfectoire.
Elle marchait depuis déjà 10 minutes. Droite, droite, gauche, encore gauche, ... Bref, elle avait réussie à se perdre.
Hana approcha d'une salle. Elle vit un panneau : "Distraught". La jeune fille s'approcha et observa l'intérieur de la salle. Un garçon était assis et réfléchissait. Elle songea immédiatement à la race de l'homme. En fait, il avait l'air normal, si ce n'était son air sombre. Hana plissa les yeux afin de mieux le distinguer. La noirceur des lieu l'empêchait de le voir clairement.

Hana entra dans la salle tranquillement. Le rouge lui avait monté au joues. Elle avait peur de déranger le jeune homme, mais il fallait bien qu'elle se retrouve. Une fois près de lui, elle déposa sa valise et son étui de guitare.

Bon... bonjour? Je viens d'arriver et je ne trouve pas mon réfectoire.

Sa voix était douce. Il aurait été impolie de déranger des élèves dès son premier jour.

Comme s’il ne faisait pas assez sombre, Kazuo avait fermé les yeux pour voir la vie encore plus en noir… et sombrer un peu plus facilement dans ses pensées obscure. Il avait appuyé son menton sur ses doigts croisés, paumes collées, coudes sur les genoux. Position pour lui confortablement pour rêvasser en pleine obscurité. La solitude. Elle avait jusqu’à maintenant été sa plus fidèle amie…

Il était si profondément plongé dans ses pensées qu’il ne sentit même pas la présence de quelqu’un approcher. Quelqu’un qui semblait perdu, qui essayait maladroitement de retrouver son chemin. Ce même quelqu’un l’avait aperçu et tentait de distinguer les traits de son visage et l’air sombre dont celui-ci était empreint. Il s’approcha ensuite de lui. Kazuo ne remue que légèrement son sourcil gauche par un réflexe sans doute sensoriel.

Bon... bonjour? Je viens d'arriver et je ne trouve pas mon réfectoire. sembla s’excuser timidement une voix féminine à un ou deux mètres de lui.

Le corps de Kazuo fut parcouru d’un léger tressaillement et releva légèrement la tête pour voir qui lui avait adressé la parole. Etant donné qu’il avait remué dans ses sombre pensées jusqu’à maintenant, il n’avait pas vu le temps filer, ni ce même temps épaissir l’obscurité qui remplissait la pièce. Il l’observa, plissant légèrement ses paupières pour mieux la discerner…

Une fille habillée d’une robe se tenait devant lui, embarrassée sans doute, mais également perdue. Elle ne semblait pas connaître les lieux et était de toute évidence nouvelle dans cet établissement. Avec l’obscurité, Kazuo ne sut déterminer la couleur des cheveux de cette jeune fille, ni celle de la robe dont elle était habillée. Il en vint à remarquer la valise et l’étui à guitare qu’elle avait déposés près de lui et, sans se lever, lui adressa la parole.

-Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il alors en la fixant de ce regard perçant et pénétrant dont il avait toujours jouit. Pour ma part, mon nom est Kazuo Kiriyama et je viens moi aussi d’arriver… Si tu veux, on pourrait chercher le réfectoire ensemble, je n’ai rien d’autre à faire à part rêvasser, de toute façon…

Le ton avec lequel il lui avait proposé ça n’avait rien d’amical, pourtant le jeune homme brun se leva, mit ses mains dans les poches de son pantalon, lui fit signe de ramasser sa valise et son étui à guitare. Il se dirigea ensuite vers un interrupteur et exerça une pression dessus. La lumière fut fidèle à la rapidité qu’on lui conférait et chassa sans tarder d’un coup de pied aux fesses l’obscurité pesante qui avait jusqu’à présent assombri les lieux de cette salle à l’ambiance déjà assez sombre que lui donnaient les asociaux qui la constituaient.

Ayant d’abord plissé les yeux pour leur permettre de s’habituer à ce brusque changement de luminosité, Kazuo les ouvrit entièrement et put alors enfin voir son interlocutrice tel qu’elle était : une fille assez mignonne aux cheveux roses et aux yeux verts, habillée d’une robe turquoise. Il ferma alors les yeux et lui enjoignit ce qu’on pourrait appeler un ordre :

-Viens…

Hana attendit quelques secondes une réponse. Il devait vraiment être dans ses pensées! Elle le vit l'observer à travers la noirceur, puis il lui parla enfin.

Comment t’appelles-tu ? Pour ma part, mon nom est Kazuo Kiriyama et je viens moi aussi d’arriver… Si tu veux, on pourrait chercher le réfectoire ensemble, je n’ai rien d’autre à faire à part rêvasser, de toute façon…

Hana avait été charmé par son regard. Certe il faisait noir, mais elle n'avait pas ratée ces yeux pénétrants. Son nom, Kazuo...? Cela lui rappela le Japon. Était-il possible qu'ils soient de la même origine? Elle sauta ce détail et s'attarda à la suite. Le jeune homme était assez gentil pour l'aider. Bon, le ton sur lequel il l'avait proposé n'était aucunement amical, mais Hana était reconnaissante.

Je m'appele Hana Kuroshi, enchantée!

Immédiatement, il se leva. Puis, la lumère fit surface. Hana plissa les yeux, mais elle s'habitua vite. Cette invasion de lumière était agréable.

Elle ne l'avait pas encore remerciée. C'est d'ailleurs ce qu'elle voulut faire, mais Kazuo lui lança l'ordre de venir. Sur le moment, elle était un peu insultée. Hana ne recevait pas d'ordre, c'est elle qui les donnaient! Elle prit ses valises rapidement et s'approcha de lui.

Elle avait à l'esprit de le lui dire et leva sévèrement sa main droit, mais elle fut frappé par le visage du jeune homme. Oui, il était mignon, mais il n'avait pas l'air d'un américain. Ses traits étaient plutôt ceux d'un asiatique. Hana déposa sa main tranquillement près de son corps.

Merci beaucoup. Je te suis reconnaissante.

Elle sortit de la pièce et tourna à droite. Pourquoi à droite? Bof, sans raison. Il fallait bien chercher. Sans se tourner vers lui, elle demanda:

Dis moi, tu n'est pas né au États-Unis, n'est-ce-pas?

Des images du Japon envahirent l'esprit de la jeune fille. Ces paysages lui manquaient déjà. Ils étaient encore frais dans sa mémoire, mais Hana savait que d'ici quelques semaines, ceux-ci seraient flous, jusqu'à devenir un vaste souvenir...

Après lui avoir demandé de le suivre, Hana – oui elle s’était présentée sous ce nom – avait pris ses valises d’un air offensé et s’était précipitée vers lui d’un pas sévère… Elle leva la main droite pour faire ce que Kazuo ne saura jamais, puisqu’en croisant son regard, elle s’arrêta d’un coup sec et la situa près de son corps pour le remercier.

Kazuo ne la gratifia même pas d’un sourire. Simplement ses paupières inférieures se baissèrent d’un millimètre derrière le rideau de cheveux bruns qui cachaient ses yeux bleus. Il se contenta également d’un léger hochement de tête qui s’allongea sur un petit centimètre et la regard dans les yeux avec son regard perçant.

-Je t’en prie… lui répondit-il tout simplement.

Puis elle était sortie de la pièce pour tourner à droite. Kazuo ferma la porte derrière lui après avoir éteint la lumière, puis suivit les traces de la jeune fille. En effet, vu comme il venait tout juste d’arriver, il avait su localiser le bâtiment ‘’Distraught’’ après une petite visite, mais le réfectoire de Hana…

La question de cette dernière le tira aussitôt de ses pensées. Elle concernait ses origines… Evidemment, Kazuo avait toujours su quoi répondre dans ce genre de situation, mais peu de gens l’avaient cru. En effet, il n’avait aucun souvenir du Japon, étant donné que ses parents et lui l’avaient quitté à ses 3 ans pour vivre aux Etats-Unis. Simplement, Kazuo consentit à lui répondre, mais pria pour que Hana ne fasse pas partie de ces gens qui l’avaient discrédité. Prière absurde, bien entendu, puisque ‘’Hana Kuroshi’’ ressemblait beaucoup à un nom japonais…

-J’ai emménagé aux Etats-Unis… répondit-il. Je suis d’origine japonaise, mais mes parents nourrissaient une passion pour ce pays. Riche, puissant, ouvert sur le monde… en comparaison avec le Japon qui doit constamment se battre contre ses contraintes naturelles, c’est compréhensibles de mon point de vue…

Cette version était la plus minimale qu’il avait donnée jusqu’à aujourd’hui. Effectivement, auparavant, il détaillait avec une exigence surprenante à quel âge il avait quitté le Japon pour les Etats-Unis, le fait qu’il fréquentait une institution tout en en convoitant une autre… Ces détails s’étaient volatilisés avec le temps et le nombre de fois qu’il avait raconté cette histoire pour se faire traiter de menteur ou pour se voir exiger une vérité qu’il n’avait pas besoin de livrer pour l’avoir déjà racontée… A noter que la découverte de sa race lui avait valu un rejet social et une diminution de l’attention de ses plus fidèles amis…

Il regarda maintenant Hana dans les yeux, non pas pour la jauger, mais pour la sonder et lui prier silencieusement de le croire. Il ne doutait pas qu’elle le croirait, en raison de ses origines dont il était certain, mais une peur maladive du discrédit le rongeait depuis lors.

Hana fut tirée de ses rêveries lorsque Kazuo commença son explication. Finalement, elle avait eu raison: tous deux étaient de même origines. Elle ralentit le pas pour attendre le jeune homme qui d'ailleurs, la devança. Il semblait inquiet. Elle ne comprenait pas pourquoi.

En fait, il lui était évident que ce visage n'était pas américain. Mais pour les gens peu habitué d'en fréquenter, il était possible de ne pas bien voir les traits purement asiatiques. Ce n'était quand même pas une raison pour s'en faire... non? Elle soutena son regard bleuté puis, lle lui souria. Le Japon n'avait donc pas complètement disparu de sa vie.

Je trouve bien dommage que tes parents n'aient pas sus voir la beauté de ce pays. Hier encore, j'y étais.
Hana avait un petit air triste. De si beaux endroits, des arbres magnifique... Je sais qu’un jour j’y retournerai.

Elle avait dit cela avec espoir. Elle n’en était pas convaincue, mais c’est vraiment ce qu’elle désirait. Hana ne se sentait pas américaine. Tout lui était si inconnu et cela la terrifiait. Un frisson lui parcouru le corps. Puis, elle se tourna rapidement afin de continuer la marche. À ce moment, ses cheveux passèrent sur ses épaules, dévoilant ses petites ailes blanches. Elle fut prise de panique, laissa tomber ses affaires et remit ses cheveux dans son dos. D’ailleurs, lâcher ses sacs lui faisait le plus grand bien. Elle ne reprit donc pas ses valises immédiatement pour laisser ses épaules se reposer un peu et elle profita du moment pour observer les couloirs. Où pouvait être le réfectoire Utopia? Peut-être que Kazuo en avait entendu parler lors de son arrivé. Elle décida donc de le lui demander :

Au fait, mon réfectoire est « Utopia ». Tu en as entendu parler en arrivant?

Elle chercha une carte des yeux tandis que Kazuo pensait. Aucune en vue. De toute manière, elle s’était fiée à une carte à son arrivée. Et bon, cela n’avait pas fonctionné. Elle remarqua cependant la beauté des couloirs. Mais bon, ce n’était pas impressionnant pour elle. Hana reprit ainsi ses sacs, prête à se remettre en route. Après tout, ils avaient encore bien du temps devant eux.

Bien que son visage ou son regard bleuté ne le montrât pas, Kazuo se sentait soulagé, débarrassé d’un poids, d’un étau. Il s’était confié, avait donné la raison de son déménagement à quelqu’un d’autre encore une fois, et cette fille, bien qu’ils ne se connaissent que depuis seulement quelques minutes, l’avait cru. Le jeune homme brun s’y était attendu, mais n’avait pu s’empêcher de ressentir cette apaisante vague de soulagement.

Quant à la réponse de Hana, qui portait sur la beauté du pays et le pays par rapport au fait que les parents Kiriyama n’aient pas su voir la beauté de l’archipel du Japon, lui tira un léger sourire nostalgique… Un sourire. Une des plus rares manifestations que son visage pouvait laisser paraître devant quelqu’un ou dans la plus profonde des solitudes. Kazuo en fut lui-même surpris. Arriver à la faire sourire, c’était en effet quelque chose…

Il allait fermer les yeux pour juguler cette succession de sentiments quand Hana se retourna pour poursuivre ses recherches. Soit dit en passant, comme si ses cheveux voulaient lui faire connaître un peu plus leur porteuse, ils passèrent sur ses épaules et les magnifiques petites ailes blanches qui ornaient son dos ne passèrent pas inaperçues à Kazuo qui en resta indifférent extérieurement, mais émerveillé intérieurement. Ces petites merveilles ressemblaient à des ailes d’ange. Hana était donc une ange. Lorsqu’elle s’aperçut que ses ailes étaient à découvert, elle paniqua et remit ses cheveux en place, laissant ses valises et en profitant pour reposer ses épaules vraisemblablement endolories par le poids des bagages.

C’est alors qu’elle lui demanda s’il connaissait le réfectoire Utopia, qu’elle présenta comme son réfectoire. Cette fois, il ferma les yeux.

-Je pense, répondit-il alors. Je crois en avoir entendu parler lorsque j’ai croisé des gens pendant que je visitais les lieux et l’établissement de fond en comble. Je ne sais plus à combien de reprises ça m’a atterri aux oreilles, mais je n’en ai entendu que le nom, désolé…

C’est alors qu’elle chercha une carte des yeux. Lui-même n’en avait pas et n’avait même pas cherché à en obtenir une. Lorsqu’il vit qu’elle reprenait ses valises pour continuer la route, il s’approcha d’elle. Il était peut-être mélancolique, mais la charité, quand il voulait, ça le connaissait.

-Je peux porter tes valises, ou quelques unes d’entre elles, si tu veux… proposa-t-il.

Elle était certaine du fait que Kazuo avait vu ses ailes. Pourtant, il n'avait pas réagit. Il était peut-être familié, ou tout simplement indifférent. Hana se mit à se questionner à propos de Kazuo. Était-il humain? En tout cas, il n'était pas un ange puisque son dos ne présentait aucunes ailes. Elle avait vraiment envie de savoir, mais ne posait pas la question. C'était trop pour le moment. Et puis, il se montrait si indifférent face à elle. Il n'aurait donc aucune envie de lui dire. Cela lui semblait bien logique.

Tandis qu'elle pensait à tout sa, Kazuo lui répondit... et négativement. En effet, il ne savait pas plus qu'elle où était le réfectoire. Bon, il fallait donc chercher! Hana n'avait pas fait un pas qu'il proposa de prendre ses valises. Un sourire ce traca sur son visage. Il avait beau être froid, il était gentil. Et cela lui faisait du bien. Elle lui tandis sa valise timidement. Il était rare qu'on veuille l'aider par gentillesse. En général, l'aide venait lorsque son papa se fâchait.

Je vais garder ma guitare.

Elle garda donc sa guitare dans sa main droite. Cet objet était trop précieux pour le passer à quelqu'un. Hana l'avait reçu quelques jours avant son départ à la Shaded Academy d'un vieil homme très serviable. C'était d'ailleurs lui qui lui avait dit de venir. La musique était une chose très importante pour elle.

Je tiens beaucoup à elle tu sais. La musique est si réconfortante dans les moments douloureux. Elle l'est également dans les moments heureux. Elle ferma les yeux. J'adore toutes ces jolies notes qui, ensemble, forment une mélodie fabuleuse.

Lorsqu'elle commençait à rêver, il était dur d'arrêter Hana. Il était donc évident qu'Utopia était le réfectoire idéal. Pourtant, elle prit vite consciente qu'elle parlait trop et réouvra les yeux. Elle ne voulait pas ennuyer Kazuo.

Ah oups! J'étais lançée dans ma rêverie! Au fait, merci de bien vouloir prendre ma valise. Je commençais à avoir mal aux épaules.
Hana se remit en marche, mais pas trop vite. Elle voulait marcher près de lui, c'était plus rassurant. Après quelques secondes, trois chemins étaient possibles. Elle s'arrêta donc afin de penser à la situation.

Même si, d’abord elle avait l’air de s’être posé des questions sur Kazuo ne savait quoi exactement, sa proposition tira un sourire à Hana. Visiblement, elle lui était reconnaissante. Elle lui tendit alors ses valises avec un air timide et le jeune homme brun les prit sans afficher un sourire amical ou charitable… le néant. Les traits de son visage avaient perdu leur élasticité, ses muscles faciaux leur efficacité. Le sourire nostalgique que Hana lui avait arraché, quand à lui, ne s’était même pas étiré de plus de trois millimètre sur chaque côté.

Elle décida de garder seulement sa guitare et lui expliqua alors que celle-ci était l’objet auquel elle tenait le plus. En effet, elle voyait la musique comme quelque chose de réconfortant dans les bas auxquels la vie s’amusait à nous confronter, mais également dans les hauts qu’elle nous offrait en compensation de ces moments malheureux. Il était vrai que la musique était l’une des choses les plus belles que la vie pouvait offrir, et Kazuo s’en était aperçu. Il ne possédait pas d’appareil pour en écouter, mais il pourrait s’en acheter un prochainement… enfin là n’était pas la question. Pour l’instant, la priorité pour lui était d’aider Hana et rien d’autre. Il fallait qu’elle retrouve son réfectoire et il ne pouvait pas la laisser dans cette situation délicate...

Elle avait fermé les yeux en parlant de musique et du réconfort qu’elle apportait et semblait rêver. Kazuo la regarda attentivement. Son regard parcourut ses traits apaisés et son visage plongée dans un rêverie apparemment confortable de laquelle personne ne pouvait la sortir à part elle-même. Lui ne fit que la regarder avec attention.

Soudainement, elle s’excusa de s’être lancée dans sa rêverie et le remercia ensuite d’avoir bien voulu prendre ses valises, en lui avouant que leur poids lui avait fait mal aux épaules. Il ne répondit rien et continua le chemin avec elle. Le chemin se divisa alors ensuite en 3 autre chemins. Il voyait que Hana semblait réfléchir à la situation, mais lui n’envisageait pas d’y aller par quatre chemins…

-Que dirais-tu de les essayer un par un ? Je te propose qu’on commence par celui de gauche. Avec un peu de chance, c’est peut-être le bon… dit-il.

Avant de s’engager tête baissée dans le premier chemin, il attendit toutefois que son interlocutrice réfléchisse encore un peu pour décider si elle acceptait ou non cette idée. Il n’était pas pressé et, même s’il préférait largement la solitude à la compagnie des autres, l’idée de faire connaissance avec cette fille qui était de la même origine que lui l’intéressait quelque peu… Même s’il était taciturne, Hana semblait elle aussi apprécier sa compagnie.

Hana détestait prendre des décisions. À chaque fois, elle finissait par regretter. Elle accepta donc la proposition de Kazuo avec enthousiasme. Tant mieux si le premier chemin était le bon. Si non, ce serait idéal pour faire connaissance. Elle aimait avoir de la compagnie, surtout dans ce lieu inconnu.

Elle s'engouffra dans le premier couloir qui était plus sombre. Hana dut plisser les yeux afin de bien voir. Elle était plus habituée à la lumière.

Tout en cherchant le chemin, elle cherchait quelque chose à dire. Parler... ce n'était pas tellement dans ses habitudes. Non pas qu'elle n'aimait pas parler. Au contraire, elle était plutôt amicale. Mais les gens ne lui parlait pas. Sa situation ne plaisait pas aux élèves de son ancienne école.

Tu est bien du réfectoire Distraught? demanda-t-elle nerveusement.

La réponse était évidente. Non seulement il était dans ce réfectoire, mais en plus, il avait tout à fait l'hatitue. C'était pourtant la seule chose qui lui avait passé à l'esprit. D'ailleurs, son visage s'était rougit. Il devait la trouver stupide.

Hana n'avait jamais vraiment pensée parler à quelqu'un de ce réfectoire. Ce n'était pas vraiment son style d'atitude. Oui elle était solitaire, mais pas parce qu'elle en avait envie. Cela la mena à se questionner encore sur le jeune homme. Être si froid... cela la dépassait. Elle avait envie de le voir sourire, rire. Du moins, un jour peut-être.

Au bout du corridor, elle s'arrêta. Il y avait deux portes. Son réfectoire? Non... que de vulgaires salles de bains.

Ah zut! Au moins, je saurai où est la salle de bain. Bon, je crois qu'il faut rebrousser chemin.

Elle se retourna rapidement, avant même d'avoir finie sa phrase. Hana n'avait pas laissée le temps à Kazuo de s'arrêter et donc, elle lui fonça dessus. Au même moment, elle laissa tomber l'étui de sa guitare au sol.

A peine lui eût-il fait cette proposition qu’elle s’engagea dans le premier couloir d’un pas enthousiaste. Il lui emboita le pas. Ils marchèrent silencieusement le long du corridor. Pendant qu’elle cherchait à engager la conversation sur un quelconque sujet, lui ne pensait même pas à ça mais était focalisé sur le chemin à parcourir. Il dut cependant admettre que l’obscurité ambiante commençait à l’agacer et il se promit de trouver un interrupteur au prochain couloir ainsi que pour les autres.

La question de Hana l’arracha alors à ses pensées. Elle lui demanda s’il appartenait au réfectoire Distraught. L’obscurité était assez épaisse pour que Kazuo ne puisse pas la voir s’empourprer, mais le ton timide sur lequel elle le lui avait demandé ne l’incitait même pas à y réfléchir. Il choisit cependant l’option ‘’réponse’’ :

-Oui… répondit-il tout simplement.

Un seul mot. Le jeune homme brun n’en prononça pas un de plus. Il n’était pas dans ses habitudes de livrer des détails aux questions fermées et il respectait un principe disant qu’un simple ‘’oui’’ suffisait, principe qu’il couvait depuis son plus jeune âge…

Ils arrivèrent alors au bout du couloir. Comme Kazuo l’avait pensé, ce n’était pas le bon couloir puisque celui-ci les avait conduits aux salles de bain. Kazuo se surprit à penser que Hana avait raison en disant que maintenant ils sauraient où prendre un bain… mais n’eut pas le temps de se retourner que la jeune fille fit volte-face et se cogna contre lui. Le choc combiné à la surprise lui fit faire un pas en arrière et lorsqu’il vit l’étui de la guitare au sol, il la ramassa et, par mesure de politesse ou de respect envers cet objet si fétiche pour Hana, le lui rendit sans vérifier si la guitare était indemne.

-Tu devrais faire attention aux objets auxquels tu tiens le plus, lui conseilla Kazuo.

Son visage n’avait pas montré une seule ombre d’émotion, mais sa voix avait été chaleureuse. Il la regarda un moment dans les yeux, puis détourna son regard et se retourna pour revenir sur leurs pas et essayer un deuxième couloir. Tout ça sans un mot.

-C’est marrant… songea-t-il. Pendant que je visitais les lieux tout à l’heure, il ne m’est pas venu à l’idée de mettre les pieds ici… Il faut dire que le bâtiment Distraught a attiré mon attention à un tel point que je n’ai plus pensé à autre chose…