" On jugerait bien plus sûrement un homme d'après ce qu'il rêve que d'après ce qu'il pense. "
Victor Hugo

Luna était seule, debout au milieu de la pièce, perdue dans le noir. Kevin lui avait décrit un peu la chambre et son environnement avant de partir. Pas très grande, celle ci comprenait un lit, un bureau accompagné d'une petite chaise, une armoire et une salle de bain, elle-même composée d'une douche, d'un toilette et d'un lavabo. Elle ne savait pas quoi penser de cette nouvelle habitation, complètement différente de celle qu'elle avait quand elle était en haut, et bien loin de la cabane miteuse où elle se cachait avec son frère, dans un des nombreux bidonville de Los Angeles. Car l'adolescente n'avait rien oublié des dix ans passés dans La Cité des Anges, à suivre son frère et à dépendre de lui. Elle savait parfaitement que sans lui, elle n'aurait jamais pu survivre, pas avec ses yeux vides et morts.

"Sunrise, où es-tu ?" murmura-t-elle si bas que même elle eut du mal à entendre.

Son frère lui manquait tant que son coeur en saignait, brisé par la perte d'un être si cher. Depuis cinq ans, elle le cherchait en vain, sans jamais trouver ne serait-ce qu'un minuscule indice. Elle savait qu'il n'était pas mort, car le lien qui le reliait à elle était encore là, invisible, ténu, mais bien là. Et c'était le plus important. Le Seigneur lui avait dit qu'il était possible qu'après sa mort, il se soit transformé en démon, mais elle s'en moquait. C'était sa moitié, et sans lui, elle n'était rien.

Lassée de rester plantée au milieu de la chambre sans bouger, elle décida de sortir prendre l'air. Elle ne savait pas vraiment comment elle allait faire pour se diriger mais elle faisait confiance à son instinct et à son expérience. Et puis, elle n'avait qu'à suivre les murs en marchant doucement. L'académie lui avait donné une chambre au rez-de-chaussée, pour ne pas qu'elle puisse se faire mal dans les escaliers, alors autant en profiter. Se déplaçant lentement, elle avança droit devant elle en tendant les bras. Ses mains se posèrent sur le mur qu'elle suivit jusqu'à arriver à la porte. Sa chambre ne nécessitait pas de clé. De toute façon, il n'y avait rien à voler.

Elle sortit donc dans le couloir, les doigts glissant sur le mur. Elle marchait d'un pas ferme, et un spectateur extérieur aurait pu croire qu'elle était normale, que sa cécité n'existait pas. Arrivée devant la porte principale, qu'elle reconnue en tant que telle grâce aux vitres, elle sortit à l'extérieur du bâtiment Utopia. La bâtiment de sa confrérie. La confrérie des rêveurs. Oui, elle était une rêveuse, une vraie, une idéaliste. Quand le Seigneur lui avait conté les horreurs du monde, elle s'était juré qu'elle ferait changer les choses. Mais faisait-elle le poids, jeune fille si fragile et aveugle, contre des milliards d'humains qui ne se souciaient que de leur bien être ? Non, bien sûr que non. Elle se ferait écraser à la moindre remarque, au moindre reproche.

Dehors, une légère brise soufflait et faisait voler ses cheveux châtains, bouger son jupon de tulle. Kevin lui avait dit qu'il y avait des jardins, presque semblables à ceux d'en haut, et Luna décida de s'y rendre. Elle ne savait pas où ils étaient alors elle avança droit devant elle. Ses bras légèrement en avant sondaient l'air devant elle, et si jamais elle tombait, elle pourrait se rattraper. Une douce odeur florale flottait dans les airs, et la jeune fille la suivit doucement. Qui disait fleurs, disait jardins. Et c'était exactement là-bas qu'elle voulait aller.

L'odeur se fit de plus en plus forte, et la texture sous ses pieds changea. De l'herbe. Elle y était, et elle n'avait pas eu trop de mal à y arriver. Coup de chance, sans aucun doute. Elle ne réussirait pas par deux fois si elle voulait aller dans un autre endroit. Peut-être devrait-elle se procurer un bâton au début ... Mais elle voulait paraître normal, comme les autres. Que penseraient les étudiants en voyant débarquer une aveugle ? Ils ne ressentiraient que mépris, se moqueraient d'elle. Et elle ne voulait pas de ça. Après tout, n'était-elle pas Miss Smile ? Celle qui garde le sourire dans toutes les situations, alors qu'au fond, elle souffre horriblement ? Mourir, voilà ce qu'elle souhaiterait. Se laisser aller, s'endormir pour ne plus jamais se réveiller ... Pourquoi n'en avait-elle pas la force ? Elle était faible. Trop faible. Et puis, au fond, elle espérait plus que tout revoir son frère. C'était cela qui la maintenait en vie.

Suivant son instinct, elle trouva un banc. N'entendant pas de bruit, elle en conclut qu'il était vide, et elle s'installa, les genoux repliés contre sa poitrine. Elle passa ses bras autour de ses jambes, et resta recroquevillée, son regard vide devant elle comme s'il cherchait quelque chose. Ce lieu lui rappelait les jardins du Paradis, où elle s'installait pour parler avec le Seigneur. Inconsciemment, elle vérifia que son serre-tête était toujours là. Elle s'en voudrait horriblement si elle le perdait ... Perdue dans ses rêves de monde meilleur, elle effaça son environnement de son esprit et posa son menton sur ses genoux, les yeux fermés. Bientôt, son frère serait avec elle. Bientôt ...

D’accord, c’est vrai. Parfois même les meilleurs d’entre nous prennent des décisions irréfléchies. De mauvaises décisions. Des décisions que nous savons déjà que nous allons regretter sur le moment, à la minute, ou plus précisément le matin qui va suivre. Je veux dire peut-être pas regretter, regretter parce qu’au moins on aura été capable de prendre un risque. Mais quand même... quelque chose au fond de nous décide de faire une folie. Une chose dont on sait qu’elle va forcément se retourner contre nous. On le sait, mais on le fait quand même. Ce que je veux dire c’est... on récolte ce qu’on sème. On a ce qu’on mérite. C’est le karma et peu importe comment vous voyez ça, votre karma vous empoisonne

Des barrières infranchissables se dressaient au-dessus de lui, des hommes étaient à la poursuite de Dean pour je ne sais quelle raison . Pauvre humain mortel, il avait beau grimpé sur ces grilles, les ennuis continuaient à affluer . Dean restait désemparé, et ne voyait aucune échappatoire à son désarroi. Le mal venait d'être fait, parcourant le jardin juste après les avoir semés il se sentit pris au piège dans un monde remplis de haine . Gorge sèche, les lèvres pâteuses et l'estomac noué, Dean ne savait quoi faire pour ce monde, n'ayant que très peu de chances ce n'était pas la peine de compter sur lui et pourtant il rêve encore d'un monde libre .

Exténué après ce qu'il venait de faire c'est-à-dire semés c'est brigand qui lui en voulait d'avoir réussi à éviter le coup du chef de la bande, un inconnu entra dans le regard de Dean, une demoiselle plus précisément les yeux fermées le vent soufflant dans ses cheveux, une belle journée qui pouvait faire rougir un noir. Ceci étant dit, Dean est blanc donc c'est lui qui avait rougis . Les paupières closent la demoiselle étant dans un étrange état . Dean s'empressa de l'aborder, se mettant dans son côté droit il lui demanda s'il pouvait s'assoir ayant le sourire face à une si belle fille ;

- Puis-je m'assoir ?


Étrangement, Dean était mal à l'aise bien sûr ce n'est pas à cause d'elle c'est seulement qu'il était tout chaud . Il était tout transpirant n'ayant aucune serviette et, par peur de gêner cette fille il était éloigné . Et, le vent continuait à souffler .

(Désolé du retard )

" Il faut tendre la main à ses amis sans fermer les doigts. "
Diogène

La brise qui passait dans ses cheveux avait quelque chose de réconfortant. Comme une présence maternelle, une amie qui ne partirait jamais, muette mais omniprésente. Bercée par la mélodie des arbres, leur feuilles bruissant doucement, accompagnées du chant des oiseaux qui pépiaient joyeusement confortablement installé sur les branches, Luna semblait triste, lointaine. La seule chose qui occupait ses pensées pour le moment, c'était son frère. Toujours. Son jumeau, sa moitié. Ses lèvres se pincèrent. Le reverrait-elle un jour ? Ou était-il mort lors de l'accident ? Elle aurait tant voulu qu'il la prenne dans ses bras en lui décrivant le paysage avec sa belle voix, en enjolivant chaque chose. Il l'avait protégée, couvée, et il l'avait laissée. C'était seule qu'elle avait appris la terrible réalité sur les hommes, qu'elle avait découvert leur cruauté et leurs abominations. Seule qu'elle avait dû surmonter ces révélations, ne voulant pas y croire. Toujours seule, malgré la présence de ses précepteurs. Toujours abandonnée, malgré la présence du Seigneur.

Perdue dans ses pensées noires, elle n'entendit pas l'inconnu arriver. D'habitude, elle avait comme un sens supplémentaire, un cinquième sens à la place de sa vue, qui l'informait que quelqu'un était là. D'habitude, elle sentait les regards sur elle comme des piques meurtrières, des juges méprisants et hautains. Lorsque le jeune homme, car c'était sans aucun doute une voix d'homme, prit la parole, elle sursauta et releva vivement la tête en ouvrant les yeux. Elle voulait paraître normale, juste le temps d'un instant. Mais elle savait que le garçon ne tarderait pas à découvrir la vérité, et il s'éloignerait. Comme ils l'avaient tous faits. Il l'abandonnerait à son triste sort et à sa solitude, à sa mélancolie, à sa tristesse. Au son de sa voix, il semblait légèrement fatigué, tel un coureur qui vient de finir son parcours. Peut-être était-ce le cas, d'ailleurs. Elle aurait bien aimé le voir, observer ses yeux, ses cheveux, deviner le contour de ses muscles. Mais elle ne pouvait pas, alors elle se contenta de tourner la tête vers l'origine de la demande.

"Euh ... Oui. Oui, bien sûr."

Elle l'entendit se poser à côté d'elle, et elle se tendit sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être ressemblait-il à son frère ? Il n'avait pas la même voix, mais le physique aurait pu être semblable. Elle ne le savait pas, et elle ne le saurait jamais. Elle ne voulait pas prendre la parole, pas se jeter à l'eau en premier. Elle voulait que ce soit lui qui parle. Sa tête était légèrement tournée vers lui, vers le bruit qu'il faisait en remuant.

Soudain, son estomac se contracta violemment, et elle faillit rejeter tout ce qu'elle avait mangé avant. Instinctivement, ses bras se refermèrent autour de ses jambes qu'elle gardait pliées contre son torse. Elle avait peur. Terriblement peur. De se voir rejeter, d'être de nouveau toute seule. Le Seigneur lui avait dit qu'à la Shaded Academy, tout le monde était un peu comme elle, étrange, mystérieux. Mais les gens n'étaient pas différents d'ailleurs. Tout le monde rejetait l'inconnu, l'anormal, le dissemblable surtout. Lune savait que la seule réaction possible, ou presque, c'était la fuite. Elle, elle ne bougerait pas. L'autre, si, évidemment. Que pouvait-il attendre d'une aveugle, une infirme bonne à être jetée à la mer, négligée. Elle retint ses larmes et attendit que l'autre prenne la parole. Après tout, c'était lui qui était venu la déranger. Même si au fond, tout au fond, elle appréciait le seul fait qu'il soit assis pas loin d'elle ...


[Désolée, c'est un peu court. Ne t'étonne pas du temps de réponse, c'est juste parce que j'étais inspirée. Ça risque ne de pas être le cas tout le temps]